Vous souhaitez enregistrer votre piano, qu’il soit droit, à queue ou numérique, mais vous ne savez pas très bien comment faire ? Ou bien vous avez déjà fait quelques enregistrements, mais vous aimeriez connaître les bonnes pratiques pour améliorer vos prises de son ?
Eh bien, vous êtes arrivé(e) au bon endroit 🙂 ! Dans cet article, j’ai en effet combiné un maximum d’informations concernant l’enregistrement de piano.
Parce qu’effectivement, c’est tout sauf l’instrument le plus simple à enregistrer : pour obtenir un bon son, il est important d’avoir en tête les principaux concepts et les principales règles à suivre.
Et puis, il faut aussi connaître suffisamment le matériel nécessaire pour pouvoir enregistrer correctement un piano.
Nous allons donc voir tous ces sujets à travers cet article :
- Les bases de l’enregistrement de piano
- Préparation du piano acoustique pour l’enregistrement
- Quel microphone choisir pour enregistrer son piano ?
- Les techniques de prise de son d’un piano droit
- Les techniques de prise de son d’un piano à queue
- Les techniques pour enregistrer un piano numérique
Les bases de l’enregistrement de piano
Si vous êtes déjà familier(-ère) avec le matériel usuel de studio et de home studio, le processus d’enregistrement ne devrait pas vous sembler compliqué.
(Vous pouvez même, dans ce cas, sauter ce chapitre…)
Mais si vous êtes débutant(e), je vous recommande de lire les conseils qui vont suivre, de façon à bien maîtriser les notions de bases de l’enregistrement.
Le signal source
Avant toute chose, commençons par parler du signal source émis par un piano.
S’il s’agit d’un piano acoustique, cela correspond au son émis par les cordes et amplifié par la table d’harmonie de l’instrument.
Dans ce cas là, pour capter ce signal, vous allez devoir utiliser un ou plusieurs microphones.
S’il s’agit d’un piano numérique, alors les informations sonores prennent la forme d’un signal électrique continu émis par l’instrument via les connectiques de sortie audio (généralement des sorties jacks).
Dans ce cas, vous n’aurez bien sûr pas besoin de microphones, mais vous devrez tout de même utiliser un dispositif de capture pour enregistrer le son du piano sur votre ordinateur (ou sur votre téléphone, par exemple).
L’interface audio
Pour justement enregistrer sur votre ordinateur le son capté par les microphones ou émis électriquement par le piano numérique, il vous faut une interface audio, également appelée carte son.
C’est-à-dire un boîtier, dont la taille peut être variable, qui lui va être relié à l’ordinateur via un câble USB ou Thunderbolt, et qui va convertir le signal capté en signal numérique compréhensible par l’ordinateur.
Dit différemment, c’est l’interface audio qui vous permet d’enregistrer le son sur votre PC.
Si vous débutez, vous n’avez pas besoin d’acheter un modèle très cher / très haut de gamme.
Ceci dit, faites attention à bien avoir deux entrées audio sur la carte son que vous sélectionnerez : en effet, comme vous le découvrirez dans la suite de l’article, le piano est souvent enregistré de façon stéréo.
Stéréo, donc deux canaux audio différents, donc deux entrées différentes sur l’interface.
De fait, un modèle de petite taille comme la Audient iD14 MKII peut très bien faire le job, surtout que les préamplis intégrés sont de bonne qualité.
Mais il existe de nombreux modèles différents, chacun avec ses spécificités.
► Aussi, si vous avez besoin d’une interface audio pour enregistrer votre piano, je vous conseille de lire mon guide complet sur les interfaces audio pour le home studio.
Notez également qu’un certain nombre de cartes sons peuvent être reliées à un smartphone : sous réserve de vérification sur le site du constructeur de l’interface que vous aurez choisie, vous pourrez donc enregistrer votre piano sur votre téléphone portable ou sur un iPad si tel est votre choix.
Remarque : les interfaces audio ont toutes des préamplis microphone intégrés. Toutefois, sur le long terme et pour améliorer vos prises de son de piano si vous utilisez des micros, il sera potentiellement intéressant d’investir dans des préamplis haut de gamme.
Quel logiciel utiliser pour enregistrer du piano ?
Bien entendu, il faut aussi un logiciel pour enregistrer les signaux audio transmis par votre interface audio.
Si vous êtes totalement débutant et que vous souhaitez purement et simplement récupérer un enregistrement brut de votre piano, un outil basique comme Audacity ou GarageBand peut suffire.
Cependant, il est probable que rapidement vous souhaitiez ajouter des effets sur vos enregistrements : égalisation pour corriger certaines fréquences, réverbe pour recréer une sensation d’espace autour du piano, etc.
Aussi, je vous recommande fortement de vous orienter dès le début vers un logiciel professionnel pour faire vos prises de sons de piano : c’est ce qu’on appelle un DAW (Digital Audio Workstation) ou STAN en français (Station de Travail Audio-Numérique).
Comme ça, vous aurez tout de suite les bons réflexes et les bonnes pratiques.
► Pour plus d’informations sur ce sujet, rendez-vous sur mon guide complet des DAWs.
Préparation du piano acoustique pour l’enregistrement
Si vous souhaitez enregistrer un piano acoustique, il est important d’avoir en tête certains éléments que j’ai regroupés sous ce titre de “préparation du piano”, de façon à maximiser la qualité des enregistrements que vous allez produire.
Avant même de placer quelque microphone que ce soit, il faut en effet se poser certaines questions.
Autrement, le risque est d’avoir des enregistrements qui ne soient pas satisfaisants.
Un mot sur le pianiste
Tout d’abord, le pianiste.
Ca peut sembler évident, mais c’est trop souvent oublié : la qualité de la performance impacte directement la qualité des enregistrements produits.
Que vous soyez vous-même le pianiste ou non, il est important de bien se préparer en amont de la session d’enregistrement.
Ca veut dire s’entraîner pour jouer de façon carrée et sans erreur, par exemple au métronome.
Mais aussi, cela veut dire se poser la question de l’enregistrement.
Si vous jouez de façon agressive et sans nuance alors que vous souhaitez avoir un rendu intimiste et doux, sachez que ni l’enregistrement ni le mixage ne pourront corriger votre façon de jouer.
Et inversement si vous souhaitez quelque chose de tranchant, et que vous jouez très doucement, ça ne va le faire ! 🙂
Prenez donc le temps, avant d’appuyer sur le bouton Enregistrer, de bien réfléchir au style de jeu que vous souhaitez donner à votre enregistrement.
Le choix du piano
Certes, si vous travaillez en contexte home studio, il est peu probable que vous ayez le choix de l’instrument : peu de personnes ont plusieurs pianos chez elles.
Toutefois, de la même façon que ce que j’expliquais juste avant, le choix de l’instrument influe directement sur le rendu sonore final.
Par exemple, les pianos à queue Yamaha ont tendance à sonner de façon un peu plus moderne, plus pop — tandis que les Steinway ou Bösendorfer seront souvent plus adaptés pour de la musique classique.
De la même façon, on n’utilisera pour ainsi dire jamais un piano droit pour des enregistrements de classique. D’ailleurs, inventés en 1826, les pianos droits sont justement devenus populaires parce qu’ils prenaient peu de place et s’adaptaient donc bien à usage domestique — et non pas parce qu’ils sonnaient mieux que les pianos à queue.
Accordage, maintenance et préparation du piano
Comme pour une guitare, il est important de s’assurer que le piano est accordé avant de l’enregistrer.
En tous cas si vous souhaitez faire un enregistrement de qualité professionnelle. Bien sûr, si vous faites vos enregistrements juste pour le plaisir ou pour une démo rapide, il ne sera pas nécessaire de faire venir un accordeur à chaque fois.
Remarque : dans certains cas ceci dit, le léger désaccordage d’un instrument peut être un caractère que l’on souhaite justement conserver à l’enregistrement, par exemple pour donner un côté ancien ou mélancolique à une musique.
De la même façon n’oubliez pas de faire faire toutes les actions de maintenance qui pourraient vous permettre d’améliorer vos prises de son : réglages des mécaniques, prise en compte du taux d’humidité de la pièce, pédalier qui grince, etc.
Enfin, suivant le style de musique que vous jouez, il peut être nécessaire de “préparer” le piano. Je pense en particulier à tout ce qui est “felt piano”, et notamment à Ólafur Arnalds qui positionne parfois un tissu entre les cordes et les marteaux pour donner un son plus feutré à son instrument.
L’impact de l’acoustique de la pièce
Un point que l’on oublie souvent : l’acoustique de la pièce dans laquelle se trouve votre piano va influer fortement sur la qualité des enregistrements que vous allez produire.
Concrètement, si la pièce est trop petite, vous aurez plus de mal à obtenir un bon son que si la pièce est large.
Malheureusement, en contexte home studio, on a rarement accès à de grandes pièces avec une acoustique vraiment qualitative.
Dans ce cas, et nous rentrerons plus dans le détail un peu plus tard, vous pourrez toutefois minimiser l’impact de l’acoustique de la pièce :
- en traitant justement l’acoustique avec des panneaux absorbants ;
- en positionnant les microphones au plus proche de l’instrument ;
- en utilisant des microphone cardioïdes plutôt qu’omnidirectionnels.
Quel microphone choisir pour enregistrer son piano ?
Il existe de très nombreux microphones sur le marché adaptés à l’enregistrement de piano.
Toutefois, ça ne veut pas dire qu’il faut faire ce choix à la va-vite : le piano est un instrument délicat, couvrant une large plage de fréquences, aussi le choix du microphone et son positionnement sont-ils deux éléments cruciaux pour obtenir des enregistrements de qualité.
La directivité des microphones
Par défaut, j’aurais tendance à vous recommander des microphones omnidirectionnels (“omnis”) pour capter le son d’un piano.
Tout simplement parce qu’ils :
- descendent souvent plus bas dans les basses fréquences, qui peut être utile suivant la partition que vous jouez ;
- n’ont pas d’effet de proximité, ce qui est idéal si vous les positionnez très près des cordes (on parle alors de “close miking”) ;
- auront tendance à mieux reproduire l’acoustique de la pièce et donc à donner un son plus naturel.
Toutefois, notamment si votre pièce n’a pas une acoustique fabuleuse ou si vous préférez un son plus précis, vous pourrez bien sûr utiliser des microphones cardioïdes.
Les microphones statiques
Par défaut à nouveau, surtout si vous débutez, je vous recommande de vous orienter vers des microphones statiques pour capter votre piano.
Ca sera probablement les plus faciles à manipuler, et vous pourrez obtenir rapidement de bons résultats avec un bon niveau de détail.
En tous cas, ça sera beaucoup mieux que des microphones dynamiques, qui je trouve n’ont pas vraiment leur place dans l’enregistrement de cet instrument.
Cependant, il vous faudra choisir entre statique à large membrane et statique à petite membrane.
Les microphones à petite membrane sont généralement un bon premier choix, puisqu’ils ont tendance à mieux retranscrire les transitoires et l’attaque des notes.
Toutefois, si vous avez un budget limité et que vous souhaitez aussi utiliser vos microphones pour enregistrer d’autres instruments ou surtout de la voix, alors aller sur des microphones à large membrane est aussi une option.
Dans les faits, nuances mises à part, vous pourrez aussi bien avoir des enregistrements qualitatifs avec des microphones à petite membrane qu’avec des microphones à large membrane.
► Cliquez ici pour voir ma sélection des meilleurs microphones pour le piano.
Les microphones à ruban
Notez par contre qu’il également possible d’utiliser des microphones à ruban, qui peuvent être utiles pour adoucir un peu le son du piano et lui donner un côté un peu plus chaud, un peu plus intimiste.
Cependant, ce n’est pas nécessairement le type de microphone que je vous conseille d’utiliser si vous débutez car les microphones à ruban ont généralement une directivité de type “figure en 8”, plus difficile à manipuler dans des pièces de petite taille.
► Si toutefois vous souhaitez faire l’expérience, n’hésitez pas à jeter un œil à ma sélection de microphones à ruban.
L’option des enregistreurs portables
Si vous souhaitez enregistrer votre piano de façon simple, peut-être avez-vous déjà entendu parler des enregistreurs audio portables, qui sont de petits boîtiers alimentés sur pile ou secteur avec deux microphones intégrés.
De fait, ce n’est pas une approche vraiment qualitative pour l’enregistrement de piano.
En effet, le son n’est pas parfait et il y a parfois du bruit de fond.
Pour moi, ça reste utilisable si vous souhaitez vraiment une solution basique ou alors si vous n’avez pour objectif que d’enregistrer des démos, par exemple dans une logique d’apprentissage pour vérifier la qualité de votre jeu après coup.
Mais pour une qualité studio, il vous faudra de vrais microphones.
Les techniques de prise de son d’un piano droit
Le placement de microphones pour enregistrer un piano (droit ou à queue, d’ailleurs) est un vrai challenge, en raison de l’évidente complexité sonore de l’instrument et de sa taille.
Paradoxalement, il existe une infinité de techniques de prises de son, des plus simples aux plus ésotériques.
Dans cet article, j’ai fait le choix de vous parler des techniques et positionnements de microphones les plus courants.
Prenez garde à la distance
Lorsque l’on souhaite enregistrer le son d’un piano droit (ou upright piano en anglais), il est avant tout essentiel de se poser la question de la distance entre l’instrument et le microphone.
Plus vous allez éloigner le microphone du piano, plus le son semblera doux, feutré, et plus vous allez entendre la réverbération naturelle de la pièce.
Donc une prise de son un peu ambiante à distance nécessitera clairement d’avoir une pièce qui sonne bien.
Si par contre vous vous rapprochez du piano, le son sera de plus en plus brillant, de plus en plus tranchant. C’est d’ailleurs une raison pour laquelle, sur des enregistrements un peu modernes / un peu pop, on va souvent faire plutôt du close miking, avec des micros assez proches des cordes, plutôt que des prises à distance qui conviendront mieux au classique.
Positionnez vos microphones correctement
Le schéma ci-dessus représente différentes façons de positionner vos microphones sur un piano droit.
Position n°1
Si vous ne pouvez ou n’avez pas le temps de démonter les panneaux frontaux, le plus simple est d’ouvrir le couvercle et de positionner vos microphones par le dessus. Ce n’est pas idéal, mais c’est une option viable.
Généralement, le couvercle restera toujours ouvert pour laisser passer les aigus, mais dans certains cas une position plus fermée permettra de contrôler le côté feutré du son.
Position n°2
Une meilleure position est toutefois la position n°2. Dans ce cas là, on a retiré le panneau du haut (ce qui n’est pas visible sur le schéma) et on positionne ses microphones de façon symétrique par rapport à la tête du pianiste. C’est ce qu’on appelle une prise AB, également nommé spaced pair en anglais.
Vous obtiendrez ainsi un son clair avec beaucoup d’attaque si vous êtes proche des cordes, ce qui permettra au piano de trancher facilement dans le mix.
Il convient par contre de faire attention : surtout avec les microphones cardioïdes, plus les microphones vont être écartés et plus vous allez vous rapprocher des cordes, plus vous allez créer une sorte de creux au milieu de l’image stéréo. Vous aurez alors l’impression d’avoir uniquement du son venant des côtés de l’image stéréo, sans rien au milieu.
Prenez donc bien le temps de faire un enregistrement test pour vous assurer que l’image stéréo est bonne dès la phase d’enregistrement.
Position n°3
Une autre option consiste à positionner ses microphones au niveau du panneau du bas (retiré au préalable bien entendu). Vous pouvez dans ce cas suivre la même approche niveau micro que pour la position n°2.
Par contre, le son sera très différent : comme sur le microphone de droite vous aurez moins de cordes aigues à proximité, vous obtiendrez un son plus doux qui peut être très agréable.
Malheureusement, il y a un inconvénient : vous entendrez potentiellement plus le bruit des pédales, et il faudra faire attention au siège du pianiste s’il a tendance à grincer.
Une petite prise mono ?
Si vous n’avez qu’un microphone à votre disposition pour enregistrer votre piano droit, je vous conseille comme point de départ de le positionner au-dessus du pianiste, donc au niveau du centre du clavier.
Cela devrait vous permettre d’avoir un bon équilibre d’un point de vue fréquentiel.
Attention à ne pas trop se rapprocher toutefois, sinon vous risquez d’entendre trop fortement les cordes dont vous serez proches, et au contraire de mal entendre les cordes plus éloignées (notamment les aigus).
Notez également que la prise de son en mono n’est pas nécessairement liée à une contrainte de manque de microphones : un enregistrement de piano stéréo est certes plus impressionnant qu’un enregistrement mono, mais ça ne veut pas dire que dans le mix ça soit idéal.
Typiquement, dans un mix rock, une prise mono suffira largement !
Pour aller plus loin
N’hésitez pas à expérimenter avec le positionnement du microphone.
Par exemple, positionner une paire de microphones derrière le piano peut sembler contre-intuitif mais est régulièrement utilisé pour avoir un son plus sombre, un peu plus brouillon peut-être mais aussi plus dense dans les basses fréquences.
Les techniques de prise de son d’un piano à queue
De par sa taille, le piano à queue est nécessairement plus complexe à enregistrer que le piano droit.
Cependant, certains concepts seront similaires.
L’importance du positionnement horizontal et vertical
Sur un piano à queue, le couvercle affecte fortement la dispersion des aigus.
En conséquence, la façon dont vous allez positionner vos microphones autour du piano va déterminer le type de son que vous allez obtenir.
Pour un son clair voire brillant, vous allez vous positionner dans l’axe perpendiculaire au couvercle, lequel sera bien sûr ouvert. Comme pour le piano droit, on peut le fermer pour un son plus sourd, mais généralement sur les pianos à queue on le laisse ouvert.
Si vous souhaitez un son moins ouvert dans les aigus, vous pouvez essayer de positionner vos microphones derrière le musicien ou au contraire à l’opposé, vers le troisième pied du piano.
De la même façon, la hauteur des microphones influence aussi le son.
De par les nombreuses options, les spécificités de chaque type de microphone et de chaque configuration de prise de son, il est impossible de dire de façon certaine “cette position sera la bonne pour vous”.
A vous d’expérimenter, en fonction des concepts expliqués ici, pour trouver la position exacte qui conviendra au son que vous voulez, dans votre pièce.
Prenez garde à la distance
A nouveau, la distance est un élément important à prendre en compte lorsque vous positionnez vos microphones autour de votre piano à queue.
Plus vous vous éloignez du piano, plus vous allez capter l’ambiance globale de la pièce. Dans le cas d’un piano à queue, cela peut faire des choses très jolies si la pièce sonne bien — notamment dans le cas d’un enregistrement de musique classique.
Plus vous allez vous rapprocher, plus vous allez capter le son direct de l’instrument, et plus vous aurez quelque chose de frontal, de percussif.
Si vous mettez vos microphones en close miking directement dans le piano, alors ça sera la meilleure façon d’obtenir quelque chose de brillant et qui tranche dans le mix.
Autrement dit, la distance affecte à la fois le ratio “son d’ambiance de la pièce / son direct”, mais aussi la texture du son de l’instrument.
Quelle configuration de microphone choisir ?
En premier lieu, je vous conseille de positionner vos microphones selon une configuration AB, avec un espacement allant de, disons, 40 centimètres à 1 mètre.
C’est généralement une bonne façon d’enregistrer des pianos à queue, mais l’image stéréo est parfois un peu vague et il faut toujours faire attention à la phase : vérifiez bien comment se comporte votre signal lorsque vous écoutez les deux micros en mono.
Une autre option est de placer vos microphones en configuration XY, qui permettra d’avoir un son un peu plus précis mais moins large en termes d’image stéréo. Par contre, cette configuration a l’avantage de ne pas générer de problèmes de phase, ce qui est pratique notamment pour les débutants car ça retire de la complexité au processus d’enregistrement.
Deux options de close miking
Si vous faites ce choix du positionnement de micro en proximité, je vous conseille de tester une des deux configurations suivantes :
- soit juste derrière le pupitre, puisque vous avez alors accès directement à toutes les cordes (configuration n°1 sur le schéma ci-dessus) ;
- soit en position mixte, avec un microphone sur les cordes aigues et un, plus éloigné du pupitre, au niveau des cordes basses (configuration n°2 sur le schéma ci-dessus). Vous capterez dans ce cas un peu moins le bruit des marteaux.
Dans les deux cas, en termes de distance microphone-cordes, vous pouvez partir sur 20 à 30 centimètres. Mais ce n’est qu’un point de départ : n’hésitez pas à ajuster si le son vous semble trop brut et trop agressif.
Et en mono ?
Pour finir, si vous souhaitez enregistrer un piano à queue en mono, donc avec un seul microphone, le placement va bien sûr être tout aussi important.
Voire plus, car vous n’aurez qu’un seul micro pour capter toutes les nuances de l’instrument.
Dans ce cas, je vous recommande d’appliquer les conseils mentionnés plus haut en réfléchissant par rapport à un point situé grosso-modo à l’endroit où les cordes se croisent.
Et ensuite, si vous manquez de basses, vous pouvez bouger le micro en direction des cordes basses — et si vous manquez d’aigus, eh bien vous pouvez aller un peu en direction des cordes les plus aigues (tout en prenant en compte la position par rapport au couvercle, bien sûr).
Pour aller plus loin
Pour aller plus loin, vous pouvez bien sûr expérimenter toutes sortes de configurations de microphone :
- par exemple, vous pouvez tester la configuration ORTF, qui génère une image stéréo très large et souvent très agréable ;
- ou encore vous pouvez enregistrer votre piano en utilisant la technique mid/side, qui peut être très sympathique.
N’hésitez pas à combiner aussi deux paires de microphones :
- une en proximité pour le côté immédiat du son ;
- et une à distance pour capter l’ambiance.
Nécessairement, il s’agit de techniques plus avancées donc peut-être pas à tester en premier si vous débutez complètement, mais il est intéressant de les garder en tête.
Les techniques pour enregistrer un piano numérique
Si maintenant vous possédez un piano numérique ou autre clavier numérique, votre processus d’enregistrement sera nécessairement plus simple car il s’agit de fait d’un instrument électronique.
Donc, pas de microphones compliqués à positionner.
Mais il existe tout de même plusieurs options si vous voulez enregistrer votre piano numérique.
Option n°1 : la prise de son directe
La plupart des claviers ont des sorties audio disponibles, généralement sous la forme de sorties jack comme visible sur la photo ci-dessous (“output”) :
Dans ce cas là, rien de plus simple : il suffit d’utiliser des câbles jacks (faites bien attention, en vérifiant dans le manuel de votre clavier, pour voir s’il faut prendre des câbles TS ou TRS) pour relier le piano numérique à deux entrées ligne de l’interface audio.
Remarque : si vous n’avez pas de sortie audio sur votre clavier (c’est rare mais ça arrive), vous pouvez dans une certaine mesure utiliser la sortie casque à la place. Toutefois, faites attention au volume de sortie, qui peut ne pas correspondre à ce qu’attend votre carte son.
Notez toutefois que cette technique ne fournit généralement pas un son excellent : même sur des claviers plutôt haut de gamme, les samples audio contenus dans les claviers sont suffisants pour pratiquer l’instrument mais pas assez qualitatifs pour sonner de façon convaincante dans un mix.
Option n°2 : les instruments virtuels, via MIDI
Une meilleure option, si vous n’avez pas de piano acoustique à disposition pour votre musique, c’est d’utiliser des instruments virtuels.
C’est-à-dire des instruments au format plugin (VST, AU…) que vous allez charger dans votre DAW.
Les connectiques MIDI
Bien souvent (mais ce n’est pas toujours le cas), les claviers numériques possèdent des connectiques permettant d’émettre un signal MIDI.
Le MIDI, si vous ne connaissez pas, c’est un protocole standardisé qui permet la communication numérique entre différents appareils de musique, tels que des synthétiseurs, des ordinateurs et des contrôleurs MIDI. Le signal MIDI transmet des informations telles que les notes jouées, la vélocité, la durée et d’autres paramètres liés à la performance musicale.
Bref, si votre clavier possède des connectiques pour émettre du MIDI, celles-ci peuvent prendre deux formes différentes :
- soit vous avez une prise USB sur le clavier que vous pouvez alors raccorder à votre ordinateur pour qu’il serve tout simplement de clavier maître ;
- soit vous avez une sortie “MIDI OUT” avec une connectique à 5 broches directement à l’arrière du clavier ;
Parfois, les deux options cohabitent sur le même instrument.
L’enregistrement du signal MIDI
Dans le premier cas avec la prise USB, c’est très simple : la procédure pour récupérer le signal MIDI sera expliquée dans le manuel du piano électrique.
Généralement, il suffit de brancher le câble USB qui va bien, et ça marche tout de suite.
Parfois, il faut cependant installer un driver spécifique, mais rien de bien compliqué.
Dans le deuxième cas avec la sortie MIDI OUT (comme sur l’image ci-dessus), vous avez alors deux options pour récupérer le signal MIDI sur votre ordinateur :
- soit votre interface audio possède elle-même une connectique MIDI IN, et dans ce cas vous allez devoir connecter les deux avec un câble MIDI comme celui-ci.
- soit votre interface audio ne possède pas de connectique MIDI, et dans ce cas vous allez devoir acheter une petite interface MIDI dédiée. Rassurez-vous, ça ne coûte pas nécessairement très cher : mais je vous recommande d’éviter l’entrée de gamme, un câble MIDI / USB comme celui-ci de chez ESI fera parfaitement le job.
Les instruments virtuels
Ensuite, une fois que votre piano numérique est connecté à votre ordinateur d’une façon ou d’une autre, vous pouvez lancer l’instrument virtuel via votre DAW.
Il existe de nombreuses options sur le marché. Généralement, pour vraiment avoir un son de qualité, il vaut mieux s’orienter vers des banques de son payantes.
Je vous conseille notamment les pianos virtuels “Noire” (piano à queue) et “The Gentleman” (piano droit) de chez Native Instruments, qui sont vraiment excellents et que j’utilise moi-même régulièrement.
Avec, vous pourrez par exemple obtenir des choses qui sonnent comme ça :
Et si mon piano numérique n’a pas de sorties MIDI ou de port USB ?
Si votre clavier n’a pas de connectique permettant d’émettre un signal MIDI et que vous n’avez pas non plus accès à un vrai piano, alors vous devrez probablement investir dans ce qu’on appelle un clavier maître, que vous brancherez en USB sur votre ordinateur qui émettra un signal MIDI interprétable par les instruments virtuels dont nous avons parlé juste au-dessus.
► Cliquez ici pour voir mes recommandations de claviers maîtres MIDI
En conclusion
Voilà, vous devez désormais avoir toutes les informations pour vous lancer dans l’enregistrement de piano acoustique ou numérique.
S’il vous reste des questions, n’hésitez pas à les poser en laissant un commentaire ci-dessous : j’essaie de répondre à tout le monde 🙂
► Continuez à lire : Le matériel nécessaire pour monter un home studio.
Commentaires (2)
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Super et très complet ! Bravo Adrien !
Merci !