EQ : Comment Utiliser un Egaliseur ?

L’égaliseur (ou equalizeur) est sans aucun doute avec la compression dynamique l’un des effets les plus importants pour le mixage audio.

Si le principe est assez simple à comprendre (après tout, il s’agit simplement d’un effet permettant de régler la quantité de basses, de médiums, d’aigus…), bien utiliser et régler un EQ est quelque chose de beaucoup plus complexe.

Comment régler un égaliseur
Faut-il régler comme ceci votre EQ ?

C’est notamment pour ça que les débutant en mixage ont tendance à se rabattre sur des réglages de type “ajoutez +3 dB à 200 Hz pour tel ou tel instrument” qu’ils peuvent lire sur Internet ou ailleurs.

Malheureusement, c’est le meilleur moyen de faire une mauvaise égalisation.

Et qui dit mauvaise égalisation, dit un mix qui ne sonne pas “pro”.

C’est pourquoi j’ai rédigé ce guide complet sur l’égalisation, en partant du basico-basique mais en intégrant également tout un tas de commentaires et d’astuces qui vous aideront à y voir plus clair sur l’utilisation des égaliseurs durant le mixage.

Sommaire de l’article :

Qu’est-ce que l’égalisation ?

Tout d’abord, je vous propose de prendre le temps de comprendre vraiment ce qu’est l’égalisation et ce à quoi ça sert.

Une définition de l’égalisation

L’égalisation est tout simplement un effet permettant d’atténuer ou d’amplifier certaines fréquences d’un signal audio.

Par exemple, avec un égaliseur (hardware ou logiciel), il est possible d’augmenter la quantité de basses d’une piste audio. Ou bien, d’éliminer complètement les fréquences aiguës.

Plus concrètement, si l’on regarde à quoi ressemble le spectre de fréquences d’une note jouée sur un synthétiseur, on va obtenir quelque chose comme ça :

Spectre de fréquences d'une note de synthé

Comme vous pouvez le voir, on retrouve un pic de fréquence au niveau de la note que l’on a jouée (200 Hz), qui est ce qu’on appelle la fondamentale — mais aussi un certain nombre d’autres pics de fréquences, qui correspondent à ce qu’on appelle les harmoniques.

Ce sont notamment les harmoniques qui permettent de différencier les instruments les uns des autres, puisque suivant le contenu harmonique, le timbre de l’instrument sera différent.

Avec un égaliseur, on va tout simplement pouvoir jouer sur le contenu harmonique du signal, en amplifiant ou en atténuant certaines fréquences.

Si maintenant on regarde le spectre de fréquences d’un coup de cymbale, on constate qu’il s’agit plutôt de bruit (il n’y a pas de fréquence fondamentale et d’harmoniques qui ressorte de façon régulière) — toutefois, le principe est le même : le signal possède de l’énergie sur une certaine bande de fréquences.

Spectre de fréquences d'une cymbale

Cela veut dire qu’avec un égaliseur, on pourra également affecter la texture de l’instrument.

Plus concrètement, l’égalisation va nous permettre de contrôler et d’ajuster le timbre de n’importe quel enregistrement audio.

A quoi sert l’égalisation durant le mixage ?

Pour utiliser correctement un égaliseur lors du mixage d’un morceau, il est important de comprendre dans un premier temps ce qu’il est possible de faire avec.

Il existe quatre utilisations possibles d’un EQ, que l’on pourrait regrouper en deux catégories :

  • l’égalisation corrective : “je corrige un problème” ;
  • l’égalisation créative : “je rends ma piste audio plus intéressante”.

Utilisation #1 : Corriger un problème avec un EQ

Pour moi, l’intérêt premier de l’égalisation, c’est de pouvoir corriger les problèmes de fréquences que l’on peut entendre dans un enregistrement.

En effet, dans n’importe quel enregistrement ou presque, il y a des problèmes : parasites électriques/électroniques, résonances liées à l’acoustique de la pièce ou du microphone, mauvais équilibre des fréquences car le microphone était mal placé…

Tout cela, on va pouvoir le corriger avec un égaliseur.

Et puis, il y aussi ce que j’appellerais “les trop-pleins d’énergie” : suivant l’enregistrement, il est possible que certaines bandes de fréquences ressortent trop fortement. Ce n’est pas nécessairement un problème à proprement parler, mais c’est quelque chose que l’on atténuera avec un EQ durant le mixage.

Attention toutefois : l’égaliseur n’est pas un outil magique. C’est-à-dire qu’il ne peut pas créer ce qui n’existe pas.

De même, tous les problèmes ne seront pas corrigeables aussi facilement : si votre enregistrement est teinté par un bruit de fond important impactant la totalité du spectre de fréquences, il sera impossible de retirer ce bruit en totalité.

Astuce : faites en sorte d’obtenir les meilleurs enregistrements possibles avant de vous lancer dans le mixage. L’égalisation de vos pistes en sera largement facilitée…

Utilisation #2 : Faire ressortir les aspects positifs d’une piste

Une autre utilisation des égaliseurs consiste à faire ressortir les éléments que l’on aime dans un enregistrement audio.

Imaginons par exemple que l’on souhaite égaliser une piste de grosse caisse.

Après avoir écouté la piste, on se dit que c’est plutôt bien, mais que les jolies fréquences basses qui contiennent une grande partie du punch de l’instrument ne sont pas assez mises en avant.

Eh bien, avec un EQ, on va aller amplifier les fréquences correspondantes pour rééquilibrer le spectre de fréquences de la piste en fonction de ce que l’on souhaite en faire dans le mix.

Pour ce type d’égalisation additive, n’hésitez pas à utiliser des plugins inspirés des égaliseurs analogiques pour plus de couleur musicale (comme celui-ci de chez PSP)

Utilisation #3 : Séparer les instruments dans le mix

Mixer un morceau consiste notamment à faire en sorte que toutes les pistes (instruments, voix, samples…) soient équilibrées en termes de fréquences.

L’objectif étant, en autres, que tous les instruments soient audibles au bon niveau.

L’égalisation, justement, va nous aider à maintenir un bon équilibre entre les pistes d’un morceau en nous permettant de séparer les instruments en termes de fréquences.

Je m’explique :

Imaginons que deux instruments soient présents (= aient de l’énergie acoustique) sur la même bande de fréquences.

Dans ce cas, le son va être brouillon, chaotique, et l’on aura du mal à faire la différence entre les deux instruments.

Par contre, si l’on utilise un EQ pour atténuer cette bande de fréquences sur le premier instrument, le deuxième va bien sûr ressortir plus facilement.

Durant le mixage, on va donc chercher en permanence à séparer suffisamment les pistes audio d’un morceau pour qu’elles soient toutes audibles — ou du moins pour éviter qu’elles ne s’additionnent de façon non harmonieuse sur certaines bandes de fréquences.

Utilisation #4 : Générer des effets spéciaux (SFX)

Enfin, la quatrième utilisation possible d’un EQ est pour tout ce qui est effets spéciaux ou un peu créatifs.

On est à la limite entre production et mixage.

Par exemple, on entend souvent des filtres d’égalisation qui évoluent dans le temps pour donner des impressions de montée ou de descente en puissance.

En voici un très bon exemple (à partir de 0’13”) :

Dans la même idée, on entend régulièrement des morceaux avec des effets type téléphone/mégaphone, qui utilisent certes de la distorsion mais sont avant tout basés sur des courbes d’égalisation très resserrées.

Comprendre le spectre et les plages de fréquences

La plage de fréquence théoriquement audible par un être humain est située entre 20 Hz et 20000 Hz (ou 20 kHz).

Bien entendu, suivant les gens, ça va différer un petit peu. En fonction de l’âge, notamment.

Ceci dit, cette plage de fréquences est la référence sur laquelle la plupart des égaliseurs sont basés, comme on peut le voir sur la capture d’écran de Fabfilter Pro-Q 3, l’un des plugins d’EQ les plus connus :

Plage de fréquences de référence pour l'égalisation

Idéalement, pour pouvoir égaliser une piste, il faut être capable de reconnaître avec suffisamment de précision une plage de fréquence.

Par exemple, si vous entendez une résonance particulière sur votre enregistrement, il faut être capable d’identifier grosso-modo les fréquences concernées.

Il existe d’ailleurs des outils pour s’entraîner, que je vous recommande fortement.

Ceci dit, reconnaître précisément une bande de fréquences nécessite un vrai entraînement. Aussi, je vous propose une vision simplifiée du spectre des fréquences, séparé en 6 principales bandes :

Les graves, partie 1 (< 50 Hz)

Parfois appelée “sub-bass” mais par erreur, cette bande de fréquences correspond vraiment aux sons les plus graves.

Typiquement, ceux que vous n’entendrez qu’avez un subwoofer ou un très bon casque.

Pourtant, cette partie des graves n’est pas à négliger, notamment dans les musiques modernes (dance…) pour lesquelles la maîtrise de l’énergie du kick est essentielle.

Les graves, partie 2 (50 — 250 Hz)

Sur cette seconde bande de fréquences graves, on retrouve typiquement la grosse caisse, la basse, le punch de la caisse claire ou encore une partie du corps des enregistrements de voix masculines.

Potentiellement, donc, pas mal d’instruments qui vont entrer en compétition : attention donc à vous assurer que votre mix ne devienne pas trop flou dans cette zone, au risque de perdre en définition et en punch.

Les bas-médiums (250 — 700 Hz)

Bien égaliser les bas-médiums est essentiel pour un bon mix. Je dirais même : il s’agit sans doute de la zone sur laquelle j’entends le plus d’erreurs dans les mixages réalisés en home studio.

En effet, cette bande de fréquences a tendance à rendre les mixages “boueux” comme disent les anglophones (vous verrez parfois le terme de muddy) ou à avoir un son de boîte en carton.

Et comme les bas-médiums concernent eux aussi des instruments importants comme les voix, les guitares, les synthés et les claviers… ça peut vite être compliqué à gérer.

Faites attention, notamment, à ne pas amplifier excessivement cette plage de fréquences.

Les médiums (700 Hz — 2 kHz)

Je trouve que les médiums sont un peu plus facile à contrôler — sans doute parce que c’est une bande de fréquences à laquelle l’humain est naturellement sensible.

On y retrouve les voix, les synthés, la guitare, mais aussi un peu l’agressivité ou le claquant de certaines percussions (grosse caisse…).

Les hauts-médiums (2 — 6 kHz)

Les hauts médiums est une zone à laquelle il faut faire bien attention lorsque l’on mixe un morceau, car les sons qu’elle contient peuvent vite devenir agressifs ou gênants s’ils sont trop mis en valeur.

Notamment pour les pistes de voix ou de batterie (je pense particulièrement aux cymbales sur les prises overhead, mais pas seulement…).

Les aigus (6 — 20 kHz)

Enfin, les aigus permettent eux de donner de l’air aux pistes.

Parfois, ils sont mêmes plus ressentis qu’entendus, surtout au-dessus de 12 kHz.

C’est là que l’on retrouve la friture aiguë des amplis guitare, mais surtout la définition de la voix ou des instruments acoustiques.

Attention donc à ne pas négliger cette bande de fréquences… 🙂

Les réglages de base des égaliseurs

Bien entendu, choisir le bon type d’EQ pour la bonne tâche est important — mais globalement tous les EQ possèdent les mêmes réglages.

En effet, on retrouve à chaque fois :

  • un certain nombre de bandes ;
  • le choix d’une fréquence ;
  • le réglage de gain ;
  • le facteur Q.

Regardons plus en détail ce dont il s’agit, en s’appuyant sur des animations réalisées avec l’EQ d’Ableton Live :

Le nombre de bandes

Chaque plugin permet de réaliser un certain nombre de corrections : on parle alors d’un nombre de bandes.

Par exemple, sur la capture d’écran ci-dessous, vous pouvez constater que 4 bandes sont activées puis désactivées, permettant ainsi d’apporter 4 corrections différentes au signal :

Le réglage de gain

Le réglage de gain des EQ est très facile à comprendre : il s’agit tout simplement du niveau d’amplification ou de réduction de volume apporté au signal de base sur une bande de fréquences donnée.

Le gain est mesuré en décibels (dB).

S’il est supérieur à 0 dB, on est donc en train d’amplifier certaines fréquences, tandis que s’il est inférieur à 0 dB on atténue ces mêmes fréquences.

Réglage du gain d'un égaliseur

Le choix de la fréquence

Bien entendu, il est également important de choisir la bande de fréquence que l’on va ajuster avec un égaliseur.

Pour cela, on va toujours sélectionner une fréquence unique.

Une fréquence de référence, en quelque sorte.

Si l’on est sur un filtre en cloche, cette fréquence correspondra à la fréquence centrale de la courbe d’égalisation.

Si l’on est sur un filtre type filtre passe-bas par exemple, il s’agira de la fréquence de coupure.

(nous reparlerons de ces types de filtres dans un instant)

Réglage de la fréquence d'un égaliseur

Le facteur Q

Enfin, s’il n’est pas toujours affiché, le facteur Q est un ratio qui contrôle la largeur de bande dans le cas des filtres en cloches.

Un facteur Q élevé signifiera que la largeur de bande est très faible : la correction sera donc très localisée sur la fréquence sélectionnée.

A l’inverse, un facteur Q faible indiquera une largeur de bande importante : la correction appliquée sera donc très large vis à vis de la fréquence sélectionnée.

Notez au passage que le facteur Q a également un effet sur les filtres en plateau, notamment concernant la forme de la courbe.

Réglage du facteur Q d'un égaliseur

Les types de filtres EQ

Il existe des tonnes de plugins VST d’égalisation, tous plus intéressants les uns que les autres.

Certains ont beaucoup de boutons et de réglages, tandis que d’autres sont plus minimalistes.

Toutefois, dans le fond, les formes des courbes d’égalisation qu’ils proposent se regroupent toujours selon trois grandes catégories :

  • les filtres passe-haut et passe-bas
  • les filtres en plateau
  • les filtres en cloche

Les filtres passe-haut et passe-bas

Il y a tout d’abord le filtre passe-haut ou high pass filter en anglais.

Comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessous, il permet de couper progressivement le signal en-dessous d’une fréquence donnée dite “fréquence de coupure”.

Autrement dit, vous sélectionnez une fréquence, et les fréquences situées en-dessous sont atténuées de façon progressive.

Filtre EQ passe-haut
Un filtre passe-haut

Il existe également un filtre inverse qui permet de filtrer les aigus : il s’agit du filtre passe-bas ou low pass filter :

Filtre EQ passe-bas
Un filtre passe-bas

Ces deux courbes d’égalisation sont par excellence des courbes de nettoyage du signal, pour retirer les éléments que l’on ne souhaite pas entendre (attention toutefois à y aller doucement avec le filtre passe-bas).

Une remarque au passage : selon que vous choisissez une pente d’atténuation très raide ou au contraire très progressive, ce type de filtre EQ se remarquera plus ou moins dans le mix. Pour une atténuation naturelle, gardez des réglages de pente doux.

Les filtres en plateau

On retrouve ensuite les filtres high shelf et low shelf, que l’on peut regrouper sous le nom de filtres en plateau.

Le filtre low shelf fonctionne de la façon suivante : à partir de la fréquence de coupure sélectionnée, on amplifie ou on atténue le signal jusqu’à un niveau donné.

Ce “niveau donné” correspond tout simplement au réglage de gain qui aura été sélectionné.

Par exemple, si vous avez un filtre high shelf de +6 dB à 3000 Hz, cela veut dire grosso modo qu’à partir de 3000 Hz vous allez commencer à appliquer une amplification jusqu’à atteindre un plateau à +6 dB.

Le schéma ci-dessous permet de bien comprendre tout ça :

Filtre EQ high shelf
Un filtre high shelf

A l’opposé, pour appliquer le même type de traitement mais sur les basses, il existe le filtre low shelf qui fonctionne de la même façon mais permet d’affecter les fréquences situées en-dessous de la fréquence de coupure sélectionnée :

Filtre EQ low shelf
Un filtre low shelf

Typiquement, ce genre de courbes d’égalisation est utile :

  • pour effectuer des corrections larges, mais moins drastiques qu’avec les filtres passe-haut et passe-bas ;
  • ou pour soulever certaines bandes de fréquences de façon musicale.

Les filtres en cloche

Enfin, il y a ce qu’on appelle le filtre en cloche ou bell filter.

Sans doute le plus connu, ou du moins le plus utilisé par les débutants.

Tout simplement, le filtre en cloche permet d’amplifier ou couper les fréquences d’un signal de façon symétrique vis à vis d’une fréquence donnée :

Filtre EQ en cloche ou bell filter
Un filtre en cloche

Par ailleurs, en fonction du facteur Q sélectionné, la bande de fréquence affectée par le filtre EQ sera plus ou moins resserrée autour de la fréquence choisie.

Ce type de filtre est idéal pour effectuer des corrections localisées ou pour amplifier certaines fréquences de manières larges.

D’ailleurs gardez en tête la consigne suivante (qui peut être transgressée ceci dit) :

  • lorsque vous atténuez des fréquences, utilisez un facteur Q élevé ;
  • mais lorsque vous amplifiez des fréquences avec un filtre en cloche, utilisez un facteur Q faible.

Cela vous permettra de rendre l’égalisation plus musicale, moins choquante dans le mix.

Comment régler un EQ ?

Admettons que vous soyez en train de mixer un morceau.

Vous décidez d’égaliser une piste et vous ajoutez dessus votre plugin d’EQ (en faisant attention à l’ordre, notamment par rapport aux compresseurs)

Et maintenant ?

Que faire ?

Comment régler un EQ ?

Quel réglage toucher, et comment savoir ce qu’il faut égaliser ?

Comment éviter les principales erreurs d’égalisation ?

Certes, sur le net, vous pourrez souvent lire “amplifiez telle fréquence ou coupez de 10 dB à 80 Hz”.

Problème : l’égalisation que vous allez faire dépend uniquement de votre enregistrement et de votre mix. Impossible d’avoir une formule magique qui vous permette d’égaliser à coup sûr tel ou tel instrument.

Par contre, n’oubliez pas que la règle d’or du mixage audio est “Si ça sonne bien, c’est que c’est bien !”.

En gardant cette phrase en tête, et plutôt que de vous donner des réglages que vous ne pourriez pas utiliser car ils ne s’appliqueraient pas à votre morceau, voici une méthode simple qui vous permettra d’égaliser n’importe quelle piste.

Etape 1 : Nettoyez la piste

Dans certains enregistrements, vous allez retrouver des bruits inutiles qui vont polluer le spectre audio à des fréquences qui ne correspondent pas à l’instrument que vous essayez de mixer.

Par exemple, il peut s’agir de grondements sourds dans les basses qui sortent d’un ampli guitare, ou bien d’un grésillement dans les très hautes fréquences (>10 kHZ) si vous utilisez beaucoup de distorsion.

Généralement, ces parasites qui ne contribuent pas directement au son vont avoir tendance à nuire au mix car il vont entrer en conflit avec d’autres instruments.

Utilisez donc des filtres passe-haut ou passe-bas pour nettoyer votre piste de ces problèmes, sans toutefois avoir la main lourde : attention à ne pas dénaturer votre enregistrement !

Remarque : Notez toutefois que si ces parasites audio ne gênent pas, vous pouvez faire abstraction de cette étape de nettoyage, sauf bien sûr dans certains cas : typiquement, on filtre souvent les basses sur la grosse caisse pour avoir un son plus précis dans les graves.

Etape 2 : Retirez les fréquences qui posent problème

Une fois ce petit nettoyage effectué si besoin, vous allez pouvoir vous concentrer sur le reste du son.

Bien souvent, et c’est encore plus vrai pour les enregistrements effectués en contexte home studio, vos pistes vont contenir un certain nombre de problèmes ou de sons qui vous sembleront désagréables.

Il peut s’agir :

  • de résonances à des fréquences spécifiques
  • de sonorités type “boîte en carton” sur des percussions
  • d’un son trop “nasal” sur une prise de voix
  • etc.

Il va donc falloir gérer ces problèmes, puisqu’une fois qu’ils seront corrigés il ne vous restera plus que les aspects agréables de l’enregistrement.

Pour effectuer ces corrections, le plus simple est d’utiliser la technique du balayage fréquentiel :

  1. Avant toute chose, identifiez le problème que vous souhaitez corriger : si vous n’entendez pas de problème, il n’y a aucune raison d’aller égaliser quoi que ce soit.
  2. Prenez un filtre en cloche sur votre EQ préféré, montez-le à +10 ou +12 db avec un facteur Q resserré.
  3. Balayez le spectre de fréquence avec ce filtre jusqu’au moment où le problème que vous aviez identifié ressort de façon marquée.
  4. Abaissez le réglage de gain du filtre en cloche pour couper ou atténuer les fréquences qui posent problème en ajustant au besoin le facteur Q.

Remarque : Pas besoin de retirer ces fréquences de manière trop extrême, par exemple avec un filtre à -40 dB. Souvent, une poignée de décibels en moins suffisent pour rendre moins audible un problème tout en conservant la musicalité du mix.

Etape 3 : Accentuez les éléments agréables

Comme je le disais au paragraphe précédent : une fois que vous avez retiré la majorité des problèmes de fréquences d’une piste, il ne reste en théorie que les sons que vous souhaitez entendre.

Toutefois, vous aurez parfois envie d’aller plus loin et de mettre en évidence certains aspects du son : plus de basses sur une grosse caisse, plus d’air sur les voix, plus de médiums sur une guitare pas assez présente… les options sont multiples.

Pour ce faire, vous pouvez utiliser aussi bien des filtres en cloche, pour cibler des bandes de fréquences précises, que des filtres low shelf et high shelf, qui seront peut-être un peu plus musicaux.

Essayez de garder les boost légers pour conserver le côté musical et naturel de la piste : si vous dépassez 6 dB, ça vaut le coup de se poser la question “est-ce qu’il y a un autre problème ?”.

Remarque : Les règles sont faites pour êtes transgressées. Si, lorsque vous amplifiez une bande de fréquences à +12 dB, ça sonne mieux qu’à +6 dB, alors n’hésitez pas à le faire. Faites confiance à vos oreilles…

ProfesseurEQ, le jeu pour s'entraîner à reconnaître les fréquences

Et voilà !

Et voilà, votre piste est égalisée 🙂

Vous avez maintenant toutes les bases sur l’égalisation pour le mixage. Certes, ce n’est pas l’effet le plus compliqué à comprendre, mais il faut prendre le temps de le maîtriser.

Toutefois, pour aller plus loin, je vous recommande de lire mon dossier sur la compression audio, qui est juste le deuxième effet le plus utilisé après les EQ lorsque l’on souhaite mixer un morceau.

Commentaires (53)

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Boulouze / Répondre

Merci Adrien pour ces explications très claires et didactiques. Mes mix seront plus beaux maintenant. Top ! C’est beaucoup plus clair maintenant. Bravo !

Matthieu / Répondre

Merci pour ces explications simples, completes et du coup tres utiles.
Vous privilegiez toujours la musicalite ce qui est les but ultime, bravo!

Arnault / Répondre

Bonjour Adrien,
Bravo pour cet article clair et de qualité.
Il serait intéressant d’éventuellement le compléter avec une section liée à l’influence des EQ sur la phase du signal, avec les différents type d’EQ à phase linéaire, zéro latence, phase naturelle (mentionnés dans ton test de Pro-Q3). Dans ce cas on pourrait avoir les mises en garde sur les différents types. Il me semble d’ailleurs qu’il y aurait quelque chose à dire sur le high pass également. Il y a une prudence sur les low pass, mais les high pass en mérite également. Avec les impacts qu’ils peuvent avoir sur la phase, on peut facilement faire du mal au basses fréquences si difficiles à mixer. Par exemple j’ai déjà entendu qu’il peut être préférable d’utiliser un low shelf plutôt qu’un low pass, un peu comme tu conseil pour les high. Qu’en penses-tu ?

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour Arnault,

Merci beaucoup de ton retour 🙂 !

Effectivement, il faudrait que je complète l’article avec les sujets de la phase. D’une façon générale ceci dit, même si effectivement ce sont des choses importantes je pense que a minima pour débuter il ne faut pas trop se prendre la tête avec la phase pour ce qui est des EQ. Mais ceci dit ça a sa place dans l’article, effectivement.

Et effectivement aussi, le sujet des low pass devrait être abordé. Je me le note pour un article dédié, je pense que ça sera mieux.

Enfin, oui, je suis plutôt pour l’utilisation de low shelf. Pour le nettoyage, j’utilise quasi exclusivement des high pass / low pass, mais si je veux *moins* de basses sans non plus tout couper, je vais par défaut utiliser les filtres shelf (quitte à coupler sur les valeurs extrêmes avec un filtre passe-haut ou passe-bas).

Adrien

Yacine / Répondre

Bonjour Adrien,

Je te remercie pour la qualité de tes articles. Tu es très pédagogue et grâce à toi j’avance très bien dans mes projets. J’ai suivi à la lettre tes conseils pour s’équiper et je suis très satisfait du matériel que j’ai.
Je cherchais hier un tuto sur les EQ et comme par magie j’en trouve un très complet. J’ai également télécharger les 25 astuces pour améliorer le mix et rien à dire c’est top.

Merci pour tout

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour Yacine,
Merci beaucoup pour ce commentaire – je suis heureux de lire que j’ai pu t’aider (notamment pour le choix du matos 🙂 ).
A très bientôt,
Adrien

Laurent / Répondre

Salut Adrien.
Deuxième article que je lis de ton blog (je viens de le découvrir) et à nouveau agréablement surpris par le côté accessible pour le néophyte total que je suis en MAO et à la fois complet et précis.
Comme tu le dis, ça demande à être travailler et à être relu plusieurs fois pour bien assimiler les principes de base, mais dans l’ensemble ça reste très accessible.
Merci!
Laurent

Adrien Administrateur / / Répondre

Merci beaucoup pour ce retour 🙂 (et bienvenue sur Projet Home Studio, du coup ! ).
Effectivement, je pense que d’une façon générale il faut revenir de temps en temps sur des articles et des vidéos pour bien assimiler les concepts.
Adrien

Régina / Répondre

Franchement Adrien tes conseils sont magnifiques … Je passe des heures a lires ton travail . Bonne continuation . Que la force reste avec toi afin de nous aider a trouver notre chemin dans ce grand labyrinthe qui se nomme (projet Home studio) ! Peace

Lupo / Répondre

Excellent comme chacune des explications ! Surtout qu’expliquer L’EQ n’est pas chose facile. A vrai dire je n’avais jamais rien compris malgré plusieurs tuto, jusqu’à tomber sur ton site. Merci mille fois je vais pouvoir comprendre ce que je fais maintenant .
Petit question, j’ai entendu parler de L’EQ dynamique, tu pourrais nous en dire plus dessus ?

Adrien Administrateur / / Répondre

Merci pour le retour 🙂 !
Il faudra que je fasse un article sur l’EQ dynamique – mais en gros tu appliques une courbe d’égalisation en fonction de la quantité d’énergie sonore. Par exemple, pour atténuer des basses lorsqu’elles deviennent trop fortes.
Adrien

Ydem / Répondre

Merci !! C’est juste fantastique de telles explications. Information/exemple facile a comprendre et très complet avec des sous parties.Un grand merci pour cet immense travail.

Adrien Administrateur / / Répondre

Merci beaucoup pour ce retour très positif, c’est très gentil 🙂 !

Julien / Répondre

Super article, surtout pour un débutant comme moi.
C’est super clair et très plaisant à lire.
Bravo !

Ivan / Répondre

Simple , clair et concis ! Il n’y a plus qu’à…
Merci Adrien pour ce tuto didactique et synthétique.

Nixil / Répondre

typiquement, on filtre souvent les basses sur la grosse caisse pour avoir un son plus précis dans les graves.
En pratique ?

cattaneo jean luc / Répondre

Merci pour l’effort fourni pour rendre accessible, la compréhension de tous ces termes, pour le néophyte que je suis.

Alexis / Répondre

Bonjour, merci beaucoup déjà mais j’ai une question, j’ai beaucoup de peine à mixer les voix surtout dans la partie des basses fréquences, je ne sais jamais à quel moment je les ai bien gérées parce que dans mon casque ça sonne bien, mais ensuite sur des grosses enceintes ça n’a plus rien a voir, as-tu déjà fait un document dédié à ça ou pourrais tu me donner les grandes lignes en therme de fréquences. (ex: il faut couper de toute façon en dessous des 50 Hz car ça brouille et baisser jusqu’à 85 Hz) merciiii pour ta réponse et pour ton travail à nous donner de nombreuses astuces !!

Laurent / Répondre

bonjour et merci .

J’ai une question je suis dans un groupe de musique et j’enregistre en multi pistes . est ce que je dois faire un mix sur chaque instrument ou seulement le global ou les deux ?
Merci d’avance pour la réponse

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour,
Le mixage d’une façon générale consiste à ajuster les fréquences, la dynamique et le positionnement de chaque instrument pour que l’effet d’ensemble soit agréable. Du coup, il faut effectivement intervenir au niveau des pistes par elles-mêmes, mais bien souvent on ajoute aussi des effets sur l’ensemble du mix ou sur des groupes de piste

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