Réverbe au Mastering : Oui ou Non ?

Faut-il utiliser de la réverbe lors du mastering ?

Si cela peut sembler à première vue contre-intuitif, l’idée d’ajouter une légère réverbe pour masteriser un morceau s’est répandue au fil des années.

Sans doute en raison de l’intégration d’une “Mastering Reverb” parmi les modules du plugin iZotope Ozone, qui de par son côté tout-en-un s’est vite imposé comme un outil incontournable du mastering chez de nombreux home studistes.

Réverbe Mastering sur le plugin iZotope Ozone 4
Oui, iZotope Ozone était très vert à l’époque (ici en version 4)

Si la fonctionnalité a depuis été supprimée lors de la sortie de la version 6, donnant lieu à un certain nombre de réactions sur les forums à l’époque, la question de l’emploi de réverbe pour ce type d’application reste toujours d’actualité.

Alors, est-ce vraiment une bonne idée d’utiliser de la réverbe durant le mastering ?

La réponse dans cet article…

Réverbe & Mastering : une mauvaise pratique

Clairement, si l’on se réfère aux étapes usuelles du mastering audio (et même en ayant en tête que chaque morceau est différent), ajouter de la réverbe sur un master est une très mauvaise pratique.

Voire même quelque chose à éviter comme la peste.

Tout simplement parce que la plupart du temps, ajouter ce type d’effet sur un mix complet va simplement noyer le mix dans une atmosphère non adaptée.

Après tout, ajouter de la réverbe revient à reculer un son dans l’espace — et avez-vous vraiment envie de donner l’impression à ceux qui écoutent votre morceau qu’ils se situent à l’autre bout d’une pièce ou d’un hall ?

Je ne pense pas… 🙂

Par ailleurs, certains utilisent parfois la réverbe lors du mastering en pensant que cela va aider à équilibrer et adoucir certaines fréquences.

A nouveau, c’est une fausse bonne idée — et pour gérer tout ce qui est fréquences durant le mastering il est bien plus pertinent d’utiliser un égaliseur.

En fait, le but du mastering, c’est d’apporter une finition sur un mix — sans pour autant ajouter d’éléments créatifs qui changeraient ce qui a été fait lors du mixage.

Du coup, ajouter de la réverbe sur un mix va naturellement à l’encontre de cette philosophie, puisque affecterait complètement la perception de l’ambiance du morceau.

Si votre mix manque d’ambiance, corrigez le problème au niveau du mix.

Mais par défaut, durant le mastering, n’utilisez pas de réverbe.

Quelques utilisations possibles de la réverbe lors du mastering

Ceci dit, il existe toutefois des exceptions qui confirment la règle, comme on dit.

Autrement dit, des situations extrêmement rares où, oui, utiliser une réverbe lors du mastering peut avoir du sens.

Cas #1 : Le mix est trop sec (et vous ne pouvez pas le changer)

Dans certains cas, vous allez devoir masteriser des mix qui manquent clairement d’ambiance, qui manquent clairement de cette sensation 3D d’espace stereo.

Et malheureusement, il n’est pas toujours possible d’aller modifier le mix de base parce que, par exemple :

  • vous avez des contraintes de temps ;
  • vous masterisez un morceau pour quelqu’un qui ne souhaite pas / ne peut pas corriger le mix ;
  • vous avez perdu les pistes brutes.

Dans ce cas, il va bien falloir trouver un moyen de donner de la vie au mix — et la réverbe peut alors être une bonne solution pour lier la scène acoustique de façon subtile et apporter une certaine glue sonore.

Cas #2 : Corriger une ambiance non adaptée

Un peu dans la même idée que le cas #1, vous pouvez parfois vous retrouver avec un mix sur lequel les choix de réverbe qui ont été effectués n’étaient pas les plus pertinents.

Ou bien, un mix dont les pistes avaient été enregistrées dans une pièce possédant une mauvaise acoustique, impactant alors la qualité du mix final.

Dans ce cas, ajouter très subtilement une réverbe peut apporter un plus non négligeable à l’ensemble.

Ceci dit, suivant le style de musique, vous vous rendrez compte que cette option n’est pas toujours la bonne : sur le jazz ou sur la musique classique, je trouve qu’on peut assez facilement ajouter un peu d’ambiance supplémentaire durant le mastering, tandis que pour des genres où la clarté des instruments est essentielle comme le metal moderne, ça sera sans doute une mauvaise idée.

Astuce : si vous faites le choix d’ajouter une réverbe sur la totalité du mix pour corriger une ambiance un peu moyenne, n’oubliez surtout pas de l’égaliser pour éviter de rendre le mix brouillon.

Cas #3 : Ajuster la fin du morceau

Enfin, il existe une troisième situation possible pour laquelle utiliser de la réverbe lors du mastering est logique : il s’agit du cas où le fade out (fondu sortant) d’un morceau a été coupé trop tôt lors de l’export du mix, ou bien qu’il n’est tout simplement pas assez long.

Dans ce cas, ajouter une réverbe qui ressemble à ce qui se passe à la fin du morceau permet de corriger le problème.

Bien entendu, il faut toutefois jouer avec l’automation de la piste d’effet pour n’affecter que les quelques dernières secondes du morceau — sinon on retrouvera tous les problèmes mentionnés précédemment.

Quelle réverbe utiliser pour le mastering ?

Comme je le disais plus haut, utiliser une réverbe pour le mastering est une pratique extrêmement rare et spécifique : il est difficile de donner des conseils génériques qui pourraient être facilement appliqués à chaque morceau.

Historiquement, lorsque de la réverbe devait être ajoutée sur un mix un peu trop sec, on s’orientait volontiers vers les grandes réverbes à plaque, comme l’EMT 140.

Du coup, à défaut de posséder le hardware, vous pouvez éventuellement utiliser l’une des émulations plus ou moins proches qui existent au format plugin.

Voici quelques suggestions :

Réverbe à plaque d'Arturia
La Rev Plate-140 d’Arturia

A l’opposé, une autre approche consiste à s’appuyer sur des réverbes à convolution, qui vont reproduire plus fidèlement des espaces acoustiques réels et réalistes.

Ainsi, il sera plus facile d’ajouter une ambiance un peu “salle de concert” à un morceau de classique ou une texture “pièce feutrée” à un morceau de chamber jazz un peu intimiste.

La réverbe à convolution Convology XT
Une réverbe à convolution que j’utilise régulièrement, nommée Convology XT

Notez au passage qu’un des avantages des plugins de réverbe à convolution, c’est qu’ils permettent souvent d’ajuster la longueur du decay sans toucher aux premières réflexions (early reflexions).

Enfin, peu importe le plugin ou le type de réverbe que vous utilisez, n’hésitez pas à utiliser un traitement mid/side (s’il y en a un intégré au plugin tant mieux, sinon utilisez un EQ mid/side) pour faire surtout ressortir la réverbe sur les côtés mais éviter de noyer le signal central.

Dans une logique de mastering, cela permettra de rendre l’effet un peu plus subtil et plus efficace.

En conclusion

Au final, vous l’aurez compris, au-delà de quelques cas spécifiques et malgré les petites techniques mentionnées dans cet article, il vaut mieux éviter d’utiliser de la réverbe pour le mastering.

Surtout si vous êtes débutant(e) et que vous n’êtes pas encore très sûr(e) de ce que vous faites : la plupart du temps, la réverbe fera plus de mal que de bien à votre master.

Si toutefois vous êtes à la recherche d’outils permettant d’influencer l’ambiance d’un morceau lors du mastering, n’hésitez pas à vous pencher plutôt sur les outils d’élargissement de l’image stéréo, qui peuvent être une alternative intéressante et moins risquée.

Commentaires (2)

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Gaylord / Répondre

Bonjour Adrien, je suis Gaylord Kaba ingénieur du son. Je voudrais vraiment apprendre sur le mix et le mastering

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