Plugin Alliance Lindell 80 Series : le Test Complet

8.7/ 10

Qualité sonore - 9.5

Fonctionnalités / Interface - 7.5

Rapport Qualité/Prix - 9

POUR
La saturation magnifique, la musicalité des plugins de façon générale, le design

CONTRE
Le manque d'un filtre en cloche supplémentaire, l'ordre des modules fixe

Il fut un temps où je n’aimais pas les “channel strips”.

J’avais l’impression qu’elles limitaient ma créativité durant le mixage, en me forçant à travailler avec le même plugin en permanence — là où je préférais varier les plaisirs avec des plugins d’effets de marques variées.

Mais récemment, avec la nette amélioration de la qualité des simulations, comme par exemple la bx_console E ou la bx_console Focusrite SC, j’ai progressivement changé d’avis et commencé à intégrer ce type de plugins dans mon workflow.

Aujourd’hui, je vous propose donc de tester ensemble la Lindell 80 Series, une simulation de console Neve 8028 incluant des reproductions :

  • des modules 1073, 1084 (préampli micro/EQ) et 2254 (compresseur/limiteur mono)
  • et du module de buss 1272 (amplificateur niveau ligne).

Une channel strip quasi-analogique

Au lancement du plugin, on est nécessairement frappé par l’interface, magnifique mais surtout très réaliste, qui s’affiche. Elle est d’ailleurs adaptée aussi bien aux petits qu’aux grands écrans, via un réglage de zoom disponible dans le menu.

5 modules sont intégrés dans le plugin, mais malheureusement l’ordre n’est pas modifiable. A minima, pouvoir inverser EQ et Compresseur serait pourtant utile…

Préamplification

Le premier module dans la chaîne de traitement du signal est une simulation de préampli aux sonorités résolument très “Neve”.

On y retrouve de façon très simple un réglage de gain rotatif permettant d’aller jusqu’à +80 dB, ce qui n’est pas négligeable, avec de surcroît des fonctionnalités vraiment très pratiques :

  • Contrôle de la saturation harmonique THD ;
  • Pad -20dB permettant de pousser le préampli pour plus de couleur ;
  • Bouton Unity Gain permettant de faire varier la couleur du préampli tout en ayant un gain constant — ce qui est vraiment utile, si ce n’est que le niveau sonore a tendance à baisser lorsque l’on va sur les réglages extrêmes. Dommage.

Egalisation

L'égaliseur 84 de Lindell 80 Channel

Par défaut, le module d’égalisation propose un filtre passe-haut, un low-shelf, un filtre en cloche pouvant cibler des fréquences allant de 360 Hz à 7.2 kHZ, et un filtre high shelf à fréquence fixe.

En cliquant sur le bouton “84”, le panneau change d’apparence pour donner la possibilité de sélectionner la fréquence du filtre high-shelf, un facteur Q plus resserré pour le filtre en cloche et un filtre passe-bas supplémentaire.

En termes de son, les courbes de ce module d’EQ sont particulièrement musicales, et on appréciera la simplicité des réglages et les fréquences fixes permettant d’aller à l’essentiel.

Par contre, le vrai point négatif pour moi est le manque d’un filtre en cloche supplémentaire. Certes, le module original n’en a pas, mais depuis le temps que des simulations Neve sortent au format plugin et que les gens font les mêmes commentaires, avoir un “bell filter” en plus me semble aujourd’hui indispensable…

Compression

Le compresseur intégré à la Lindell 80 Channel reprend la typologie des 254E/354E sortis précédemment : on retrouve les mêmes contrôles de threshold, ratio, gain et release (recovery, qui est d’ailleurs à valeurs fixes).

Je n’ai pas fait la comparaison côté à côte, mais l’attitude du compresseur est la même — j’imagine donc que l’algorithme a plus ou moins été copié/collé.

On notera l’inclusion des filtres Niveau (qui renforce la musicalité de la compression via un filtre sidechain bien pensé) et Nuke (qui permet de compresser très agressivement le signal).

Le son est punchy, profond, et plus vrai que nature dans la façon où le compresseur modèle le signal. Sur les pistes de batterie, c’est vraiment génial ! 🙂

TMT

Comme d’habitude sur les plugins Plugin Alliance de ce type, les deux plugins de la Lindell 80 Series intègrent la technologie TMT, qui donne accès en l’occurence à 32 channels différentes via la simulation de micro-variations électroniques.

Gate

La Lindell 80 Channel intègre également un module de gate assez évolué, pouvant fonctionner également comme expandeur dynamique.

On retrouve les contrôles usuels d’hystérèse, de range et de threshold — lesquels permettent de gérer efficacement la plupart des situations où vous aurez besoin de ce module.

Durant mes tests, principalement effectués sur des pistes de batterie, j’ai trouvé le module plutôt bien fait et facile à contrôler.

Au-delà de ça, rien de particulier non plus : c’est une gate.

Mais le son ?

Si j’ai fait quelques commentaires négatifs concernant les fonctionnalités, il m’est véritablement impossible d’en faire concernant le son.

La saturation est merveilleuse : on a vraiment l’impression d’avoir du matériel analogique dans les mains. Bien entendu, en fonction du gain staging, il est possible d’avoir un son relativement clean ou au contraire quelque chose d’extrêmement coloré.

De même, la musicalité des courbes d’égalisation fait que l’on peut sculpter le son de façon harmonieuse — et même si le compresseur peut parfois être un peu difficile à contrôler, on peut obtenir un son vraiment “in your face”, très frontal, punchy et tranchant en même temps.

Soyez toutefois prudent(e) avec l’EQ : si vous utilisez le plugin avec un signal “hot”, vous aurez parfois du mal à booster les basses, par exemple, car au-delà de quelques décibels vous passerez dans la distorsion. Attention, donc, au gain staging, qui est vraiment important avec la Lindell 80 Channel.

Bref, voici un exemple de quelques pistes tirées du morceau “Borderline” de Trevor de Clercq et mixées exclusivement avec le plugin testé dans cet article. Je pense qu’il parlera de lui-même :

Lindell 80 Buss, la cerise sur le gâteau

Lindell 80 Buss, c’est le deuxième plugin du package.

Il est conçu comme une réplique d’un ampli ligne — correspondant ainsi à un buss dans lequel on va venir sommer différentes pistes.

Le concept est on ne peut plus simple : il suffit s’ajouter ce plugin sur tous les groupes (buss) de pistes de votre mix.

D’ailleurs, mis à part l’éventuel gain staging et le réglage de THD, il n’y a à peu près rien à faire avec : on laisse le plugin faire sa magie.

Mais du coup, de quelle magie parle-t-on ? Qu’est-ce que ça apporte au son ?

Écoutons d’abord un exemple dans lequel trois instances de Lindell 80 Buss sont présentes : sur le buss de batterie, sur le buss de guitares et sur le master :

Déjà, on peut noter que le plugin influe légèrement sur les fréquences. Il se passe notamment quelque chose dans les basses et dans les aigus, et les médiums donnent l’impression d’être poussés au centre de l’image stéréo ce qui donne une sensation très “rock” de concentré d’énergie. J’adore.

Mais surtout, Lindell 80 Buss apporte une vraie cohésion, c’est-à-dire une vraie glue sonore, qui est très agréable.

Ceci dit, je me permets de mettre un bémol à cette dernière phrase : j’aime beaucoup ce que j’entends, mais j’ai l’impression que par moment c’est aux dépends de l’image stéréo, qui a tendance à se réduire. Cela pourra en gêner certains…

En conclusion

Avec la Lindell 80 Series, Plugin Alliance (et Lindell) se surpassent dans la qualité de ce qu’ils proposent.

Certes, il y a des aspects négatifs (je pense en particulier à ce deuxième filtre en cloche qui me semble indispensable), mais le son est là.

Si vous êtes à la recherche d’un plugin vous permettant d’apporter beaucoup de couleur à vos morceaux, surtout s’il s’agit d’enregistrements numériques trop froids auxquels vous souhaitez donner une tonalité un peu différente — eh bien n’hésitez surtout pas à tester cette excellente Lindell 80 Series.

Attention, la saturation analogique de la Lindell 80 Series est addictive…

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