POUR
La qualité du son (vintage), son efficacité pour la compression de buss, la simplicité des réglages, le design
CONTRE
Le prix légèrement élevé, pas de réglage d'attaque lent
101010Lindell 354E est un plugin développé par Lindell Audio en partenariat avec Plugin Alliance, qui m’a intéressé dès sa sortie au mois d’avril, à cause de son design mais aussi du son qui nous était promis.
Il s’agit d’un compresseur multibande basé sur le fameux compresseur/limiteur Neve 2254/E. Ce dernier est caractérisé par un circuit construit autour d’un “pont de diodes” (selon le terme technique), là où d’autres modèles utilisent des transistors FET (type 1176), des lampes ou encore des photorésistances (LA2A).
Voyons ensemble si ce plugin d’effet, disponible aux formats VST, VST3, AU et AAX, tient ses promesses de son haut de gamme…
Interface et Fonctionnement
L’interface, plutôt jolie, a un look très vintage qui met instantanément dans une ambiance analogique. Bien conçue, on appréciera notamment le fait qu’elle soit redimensionnable.
En soit, le fonctionnement du plugin est très simple : il est basé sur le 254E, un effet assez similaire de la même marque, qui n’a lui qu’une seule bande.
A l’opposé, Lindell 354E possède trois bandes qui correspondent globalement à trois 254E placés “côte à côte”.
Les fréquences de coupure sont réglables grâce aux boutons situés au bas de l’interface, surmontant les indicateurs numériques rouges. A noter que ce découpage n’induit pas de distorsion de phase, ce qui est très appréciable.
Sans surprise, on retrouve pour chaque bande les réglages usuels de compression, tels que l’attaque, le release (nommé ici recovery), le seuil et le make-up gain.
Toutefois, à l’image de nombreux processeurs d’effets hardware (externes), les contrôles sont tous crantés, c’est-à-dire que seules des valeurs prédéfinies peuvent être sélectionnées. Certains trouveront peut-être que c’est une limitation, mais j’ai tendance à préférer cette approche qui permet d’aller à l’essentiel sans perdre des heures à régler des microsecondes (oui, c’est une mauvaise blague 😉 ).
Ainsi, le ratio ne peut prendre que les valeurs suivantes : 1.5:1, 2:1, 3:1, 4:1, 6:1.
Mine de rien, ça fait déjà un nombre d’options satisfaisant !
En plus des réglages existant sur le compresseur Neve vintage, on a un bouton contrôlant l’attaque, allant de 2 μs à 10 ms. Toutefois, même si ce n’est pas bloquant en soit, une option d’attaque un peu plus lente (30 ms ?) aurait été appréciable.
De même, le release ne peut descendre que jusqu’à 100 ms. Dans l’absolu, chaque compresseur a son caractère, et celui-ci n’a pas pour vocation de fonctionner aussi rapidement qu’un 1176, mais bon…
De plus, deux modes “bonus” très intéressants sont présents :
- Le mode NUKE — qui engendre une compression extrême en sollicitant très fortement le compresseur ;
- Le mode NIVEAU — qui génère une compression plus transparente, idéale pour le mastering.
Enfin, il est important de noter qu’un bouton MIX permet de gérer l’effet en parallèle, dans le cas où vous souhaitiez mixer le son compressé au son brut.
Un compresseur avec du caractère
S’il y a quelque chose qui m’a marqué instantanément avec Lindell 354E, c’est son caractère et sa couleur.
On peut compresser le signal d’entrée énormément sans toutefois créer d’artefact, de distorsion. Autrement dit, sans avoir l’impression de nuire au son.
Par contre, le plugin a tendance à réchauffer nettement le son en ajoutant de la puissance et de la saturation analogique. Malgré son caractère marqué, il adoucit les enregistrements et polit les enregistrements.
De plus, lorsqu’il est utilisé sur des buss ou bien sur le master, il ajoute énormément de glue sonore. L’ensemble du mix gagne en cohésion à la seconde où le 354E est activé.
Voici un exemple tout simple de ce qu’on peut faire, en utilisant une boucle de batterie basée sur des samples sortis tout droit d’EZdrummer, sans aucun autre processing.
Comme vous pouvez l’entendre, une saturation de style analogique apparaît ; le kit de batterie semble plus homogène voire même plus réaliste.
La compression est très efficace, mais pas extrême non plus : le son est lissé.
Et que se passe-t-il si l’on active le mode NUKE, qui génère une compression forcée ? Pour le coup, le résultat est beaucoup moins subtil :
Bien entendu, sauf pour faire des effets spéciaux, cette fonctionnalité n’est pas prévue pour être utilisée seule. Au contraire, c’est là que le réglage “Mix”, qui permet d’ajuster en parallèle la quantité de signal brut (“dry”) et la quantité de signal “wet”, prend tout son sens.
Ainsi, si on le règle à 40% seulement, on obtient un son de batterie agressif et avec du punch, mais un peu plus réaliste :
Bien entendu, si c’est sur les buss de batteries qu’on identifie le mieux, à mon goût, le caractère de ce type de compresseurs, Lindell 354E s’avère très polyvalent dans de nombreuses tâches de mixage.
En effet, vous pouvez également l’utiliser sur des guitares saturées, des pianos, des beats électroniques — et bien sûr directement sur la piste master lors du mastering, où il excelle également.
En conclusion
Certes, le prix est un peu élevé, mais Lindell 354E est un excellent plugin de compression multibande.
Avec un caractère marqué et apportant une véritable couleur vintage au son, il remplit parfaitement son rôle et délivre une compression chaude, que les réglages soient subtils ou extrêmes.
Si quelques options supplémentaires auraient été appréciables, notamment en ce qui concerne les réglages d’attaque, le plugin s’adapte sans problème à toutes sortes de situations, bien qu’il soit particulièrement efficace pour le mastering et la compression de buss grâce à la cohésion sonore qu’il apporte.
Au final, je dois bien l’avouer : depuis que j’ai commencé à le tester, Lindell 354E est devenu mon compresseur multibande favori ! 🙂
Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page officielle de Lindell 354E.