7 Erreurs de Compression à Eviter dans Vos Mix

La compression audio est probablement l’effet le plus compliqué à maîtriser, vous ne trouvez pas ?

C’est difficile à entendre, à contrôler — et même en sachant à quoi servent les différents réglages des compresseurs, on peut encore faire de nombreuses erreurs et déstabiliser un mix si on ne l’utilise pas correctement.

Que l’on soit débutant ou pas, d’ailleurs : mine de rien, les mauvaises habitudes sont vite prises.

C’est pourquoi j’ai regroupé dans cet article 8 des erreurs d’utilisation de la compression les plus courantes, en m’inspirant aussi bien des questions que je reçois par email, que j’entends autour de moi ainsi que de ma propre expérience… que dis-je, de mes propres erreurs. 😉

Remarque : si jamais vous n’êtes pas encore à l’aise avec la compression, sachez que je propose sur Projet Home Studio qui vous expliquera tout ce qu’il faut savoir sur le sujet et donc d’améliorer fortement vos mixages.

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1. Trop de compression

C’est le piège de la compression : à force de vouloir niveler le volume de chaque piste, de chaque instrument, on finit par les compresser outre mesure.

Typiquement, si vous avez -10 dB de Réduction de Gain (GR) sur l’ensemble de vos plugins, c’est peut-être un signe qu’il faut y aller plus doucement.

Exemple de compression forte
Un plugin (MJUCjr de Klanghelm) réglé de façon plutôt extrême

En effet, lorsqu’une piste est sur-compressée, elle aura certes un volume homogène mais le résultat ne sera absolument pas naturel. On perd en réalisme.

Si l’instrument est un synthé, ce ne sera pas nécessairement très grave. Mais s’il s’agit d’un instrument plus “fragile” comme une acoustique ou une voix, une compression trop marquée sera beaucoup plus gênante.

Et puis, d’une façon générale, pour qu’un mix sonne bien il est important qu’il garde une certaine dynamique — pour éviter de tomber dans la guerre du volume, notamment.

Solution basique (au risque d’enfoncer une porte ouverte) : Compressez plus légèrement. Quelques décibels de GR pourront vous emmener plus loin que vous ne croyez.

Solution poussée : Si vous souhaitez vraiment appliquer une compression importante à une piste, essayez de le faire séquentiellement :

  • avec deux plugins à la suite ;
  • ou bien en compressant à plusieurs endroits de votre mix (sur la piste, sur le buss/groupe, sur le master).

2. Compresser “parce qu’il le faut”

Sans aucun doute une erreur que nous faisons / avons tous fait un jour ou l’autre.

On peut régulièrement lire sur Facebook ou sur les forums des phrases comme ceci :

  • “Il faut toujours compresser la guitare”
  • “Pour les pistes de voix, il faut deux compresseurs à la suite”

Le problème, c’est que dans bien des cas les pistes n’ont pas besoin de compression. En fait, cela dépend :

  • de l’enregistrement de base ;
  • du mix et des choix artistiques ;
  • du genre musical.

Impossible, donc, de prédire exactement si une piste aura besoin de compression, et encore moins quels réglages devront être appliqués.

Je vais prendre un exemple concret : les enregistrements de guitare dans le metal. En raison de la forte saturation générée par les amplis, le signal enregistré a souvent une plage dynamique très réduite :

Compression naturelle d'une piste de guitare metal

A quoi servirait la compression dans ce cas-là ?

Probablement à peu de choses.

En comparaison, une guitare funk en aura sans doute plus besoin pour ressortir dans un mix :

Exemple d'une guitare funk non compressée

Autrement dit, il n’y a pas de règle. Il n’y a pas de “Il faut absolument compresser tel instrument”.

Solution : Si vous faites souvent l’erreur d’ajouter un compresseur simplement parce que vous avez lu quelque part qu’il fallait compresser telle ou telle piste, vous risquez de détruire votre mix.

Forcez-vous à vous poser à chaque fois les bonnes questions : Est-ce que j’ai vraiment besoin de compression ici ? Est-ce que la plage dynamique de l’instrument est vraiment trop grande si bien que je n’arrive pas à le positionner dans le mix en utilisant le slider de volume ?

Notez au passage que ce conseil s’applique bien sûr à la compression classique, mais aussi à la compression multibande, qui est un un outil super utile mais qui est souvent utilisé “par principe” plutôt que parce qu’il y a un réel besoin.

3. Compresser en solo

Le bouton solo d'un séquenceur

Une erreur que j’ai faite pendant longtemps.

Lorsqu’on débute, et que l’on n’est pas à l’aise avec la compression, on a tendance à isoler la piste en solo pour régler son compresseur. C’est logique, puisque cela permet de mieux entendre ce que l’on fait.

Pourtant, c’est une mauvaise idée.

Il existe beaucoup d’utilisations différentes de la compression, mais le but est bien souvent de réduire la plage dynamique d’un enregistrement pour que la piste s’intègre au mieux dans un mix. Par exemple, en homogénéisant le volume d’une voix pour que l’ensemble des paroles restent intelligibles.

Du coup,  si vous réglez votre compresseur sur la piste en solo, cela implique que vous la sortez du contexte : vous n’aurez pas d’échelle pour estimer si la quantité de compression que vous appliquez est adéquate.

Avez-vous besoin de -2 dB de réduction de gain ? de -5 dB ? de -10 dB ?

En mode “solo”, impossible de savoir.

Solution : replacez toujours vos pistes dans le contexte du mixage lorsque vous réglez vos compresseurs ! (notez que ça n’empêche pas, de temps en temps, de faire quand même des vérifications en mettant la piste en solo).

4. Compresser en regardant uniquement les chiffres

Sur la plupart des compresseurs, les réglages peuvent être contrôlés de façon très précise : l’attaque et le release en millisecondes, le threshold en décibels… et bien sûr, on retrouve la plupart du temps un vu-mètre qui indique la quantité de réduction de gain appliquée au signal.

Comme la compression est quelque chose de complexe, on a donc tendance à s’appuyer un peu trop sur ces chiffres plutôt qu’à faire attention au son.

Suivant les compresseurs, une attaque de 1 milliseconde n’aura pas le même effet. Suivant le signal d’entrée, le comportement du compresseur sera également différent.

Le risque, si l’on regarde trop les chiffres indiqués, c’est de compresser de façon mathématique, en ajustant les différents paramètres par habitude ou bien parce qu’on a lu qu’une attaque de X millisecondes, c’était bien — au lieu de se concentrer sur le son.

Solution : “Si ça sonne bien, c’est que c’est bien !”

Essayez de régler vos compresseurs à l’oreille, sans que vos choix soient biaisés par les valeurs numériques indiquées par vos plugins.

5. Régler une attaque trop rapide

Par défaut, lorsque l’on utilise un compresseur, c’est parce que l’on cherche à contrôler la dynamique d’un son. On a alors tendance à choisir une attaque rapide, en se disant “je veux compresser l’ensemble du signal”.

Le problème, c’est qu’en suivant ce type d’approche les transitoires (transients en anglais) sont écrasés.

Les transitoires, ce sont les pics de forte amplitude que l’on retrouve au début de certains sons. Par exemple, le claquement d’une consonne en début de mot ou la percussion d’un tambour avec une baguette.

Illustration d'un transitoire audio

Si l’on atténue trop les transitoires en utilisant un compresseur avec une attaque rapide :

  • cela va nuire à la dynamique de la piste, ce qui va rendre le morceau plat et inintéressant ;
  • des effets de saturation peuvent apparaître, surtout si l’attaque est vraiment très rapide.

Solution : Dans bien des cas, il est intéressant de laisser passer en partie les transitoires en choisissant une attaque moyenne (> 10-15 ms) : cela évitera qu’ils soient écrasés.

Attention ! Cela ne signifie pas qu’il ne faut jamais utiliser une attaque rapide ! Mais du moins, faites-le avec parcimonie et en connaissance de cause. Si vous avez l’impression que le morceau manque de dynamique, c’est peut-être parce que vos réglages d’attaque sont trop rapides… 😉

6. Utiliser les presets des plugins

Les plugins de compression sont souvent livrés avec un nombre plus ou moins conséquent de presets, sensés vous aider dans le réglage de l’effet.

Pourtant, bien souvent, les utiliser est un mauvais choix.

Exemples de presets d'un plugin de compression
Exemples de presets d’un célèbre compresseur

Si vous suivez les articles de Projet Home Studio depuis quelques temps, vous savez sans doute que je n’aime pas les presets.

Ce n’est pas juste un parti-pris.

Le résultat de l’utilisation d’un compresseur sur une piste est complètement dépendant du signal en entrée, de sa plage dynamique et surtout de son niveau sonore.

Si vous utilisez un preset, celui-ci a nécessairement été réglé sur un autre signal d’entrée. Nécessairement différent : peut-être plus fort, peut-être plus faible, peut-être enregistré plus près ou plus loin de l’instrument.

A partir de ce constat, pourrait-on simplement se baser sur un preset pour régler son compresseur ?

Bien entendu, la réponse est non.

Par contre, il est complètement logique et normal de se baser sur les presets en les modifiant : bien souvent, ils peuvent donner des indications sur la façon dont les différents paramètres du plugin peuvent être réglés pour obtenir tel ou tel son.

Solution en résumé : N’utilisez pas les presets, ou bien modifiez-les : ce sont des points de départ.

7. Mal régler le Make-Up Gain

Un réglage de Make-Up Gain

Le make-up gain, également appelé compensation de gain, est l’un des réglages les plus importants des compresseurs.

La compression consiste à atténuer un signal. Elle engendre donc toujours une perte de volume. Il convient donc de compenser cette perte en remontant le niveau global du signal : c’est à cela que sert le make-up gain. En simplifiant, si votre plugin génère une réduction de gain de -2 dB, vous allez régler votre gain de sortie à +2 dB.

Mais attention ! Lorsque le volume d’un son est augmenté, on a souvent l’impression qu’il sonne mieux. C’est un effet psychoacoustique bien connu.

Aussi, si votre make-up gain est trop élevé, vous croirez que votre mix sonne mieux alors que ce n’est pas le cas.

Solution : prenez-le temps d’ajuster le make-up gain pour que le niveau sonore perçu en entrée et en sortie du plugin soit identique. N’hésitez pas à activer/désactiver le plugin successivement en réglant ce paramètre.

Pour aller plus loin…

Si vous appliquez les quelques conseils de cet article, vos mixages se retrouveront nettement améliorés.

Toutefois, si vous n’êtes pas parfaitement à l’aise avec la compression, n’hésitez pas à prendre un peu de temps pour revoir les bases — par exemple à partir de mon guide de réglages des compresseurs ! 😉

Commentaires (13)

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Ce Para / Répondre

Hello,merci pour tous ces articles bien utiles en français.Ca évite le casse tete de traduction sur des sujets pas evident comme la compression. Bonne continuation et au plaisir de continuer à lire.

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