POUR
La qualité des algorithmes, les impressionnantes possibilités de modulation, la clarté de l'interface, la possibilité de travailler en mid/side
CONTRE
Rien
FabFilter fait partie des poids-lourds en ce qui concerne les plugins audio.
En effet, cela fait des années que la marque néerlandaise propose des plugins ressortant du lot aussi bien pour leurs caractéristiques sonores que pour leur facilité d’utilisation — certains de ces plugins ayant même été testés sur les pages de Projet Home Studio, le dernier en date étant l’égaliseur Pro-Q 3.
De tous leurs effets, j’ai cependant l’impression que Saturn n’était pas le plus connu — ou du moins pas le plus utilisé car peut-être ciblant un peu trop la distorsion de pistes individuelles.
Toutefois, avec Saturn 2 (la nouvelle version, donc, de ce plugin), la donne est tout autre : de nouveaux algorithmes ont fait leur apparition, ainsi que de plaisantes options de modulation.
Nous allons donc regarder tout ça en détail dans cet article.
Une interface particulièrement efficace
Lorsque l’on ouvre le plugin, on retrouve les codes couleurs de la première version de Saturn, mais avec un vrai lifting graphique pour aligner le design avec les effets plus récents de FabFilter.
En effet, l’interface est propre, esthétique, épurée, et est vraiment agréable à utiliser puisque l’on s’y repère très facilement.
Toutes les fonctionnalités sont aisément accessibles, ou alors très intuitives à activer — si ce n’est que je vous conseille tout de même de lire le manuel avant d’utiliser Saturn 2, pour bien comprendre à quoi sert chaque bouton.
En haut et en bas du plugin, on retrouve tout d’abord une série de fonctionnalités plus ou moins standards, comme le moteur de presets, les réglages de gain staging (niveau d’entrée / niveau de sortie) ou encore un bouton pour faire des tests A/B entre deux séries de réglages.
A ceci s’ajoutent une option d’oversampling (nommée High Quality) mais aussi un bouton Linear Phase utile notamment dans les situations de mastering.
En dessous du bandeau supérieur, on retrouve une visualisation graphique précise du spectre de fréquences, sur laquelle se superposent les réglages des bandes que vous aurez créées : en effet, Saturn 2 est une distorsion multibandes, vous permettant de gérer à volonté le nombre de bandes (max. 6), les fréquences de cross-over et la pente en dB/octave de chaque cross-over.
Pour chaque bande de fréquences, il est ensuite possible de contrôler la saturation ou la distorsion qui est appliquée : on sélectionne un algorithme, et différents réglages permettent d’en gérer le comportement — le plus important étant bien sûr le bouton “Drive”, qui permet comme son nom l’indique d’ajuster la quantité de saturation.
Enfin, la partie inférieure du plugin est réservée à tout ce qui est modulation. Nous ferons un petit zoom sur ce sujet plus loin dans cette review, mais sur l’aspect graphique on peut noter que Saturn 2 permet facilement de visualiser les paramètres en train d’être modulés, et de deux façons :
- chaque source de modulation ayant une couleur donnée, on retrouve cette couleur sur chaque paramètre modulé sous la forme d’une petite pastille ainsi que d’un indicateur dynamique de la même couleur modélisant le niveau de modulation ;
- entre les réglages de l’algorithme et les sources de modulation, des halos de couleur dynamiques représentent les modulations en train de s’appliquer : sans qu’il s’agisse d’un indicateur précis, cette fonctionnalité est très pratique car elle permet intuitivement d’orienter son regard vers les bons paramètres.
Voici un exemple en vidéo :
28 algorithmes de saturation et de distorsion
Dans Saturn 2, vous retrouverez pas moins de 28 algorithmes différents, répartis selon plusieurs catégories :
- Tube : simulations de saturation à lampes ;
- Tape : simulations de bandes magnétiques ;
- Amp : simulations d’amplis guitare ;
- Saturation : algorithmes de saturation standards ;
- Transformer : simulations de transformateurs ;
- FX : différentes distorsions plutôt dédiées aux effets spéciaux (bitcrusher, transposition…).
Certains algorithmes sont uniques, mais dans bien des cas on retrouve une série d’algorithmes portant le même nom, comme par exemple :
- Subtle Transformer
- Gentle Transformer
- Warm Transformer
Dans ce cas, il s’agit d’algos assez proches en termes du type de son qu’ils essaient de simuler, mais plus ou moins agressifs. Typiquement, un “Subtle Transformer” sera vraiment très léger (plutôt pratique pour une utilisation sur un buss ou en mastering), tandis que le “Warm Transformer” sera dédié à des distorsions plus agressives, par exemple pour donner de la couleur à une grosse caisse.
Au global, durant mes tests, tous ces algorithmes se sont révélés être convaincants par leur qualité, chacun ayant des usages de prédilection : certains sont plutôt créatifs, d’autres plus classiques, et d’autres encore restent volontairement très subtils (attention toutefois à votre gain staging) pour ajouter ici et là de la couleur ou de la densité à vos pistes sans tomber dans l’excès.
Difficile à travers un seul article de parler de tous les sons possibles, alors je vous propose une sélection de quelques exemples audio :
Sympathique, n’est-ce pas ?
Notez au passage que sur ces exemples, j’ai appliqué la distorsion sur l’ensemble du spectre de fréquences. En ajoutant des bandes, vous pourrez bien sûr affecter un premier algorithme à une bande, et un deuxième à une autre bande — avec à chaque fois des réglages distincts.
Et cerise sur le gâteau, vous pouvez même travailler en mid/side avec Saturn 2 de FabFilter…
…que peut-on bien demander de plus ?
Des modulations aux possibilités infinies
Eh bien, si : Saturn 2 n’offre pas seulement d’excellents sons ; il offre aussi des possibilités extrêmement étendues de modulation de l’ensemble des paramètres du plugin.
En gros, chaque réglage peut être modulé par une source de modulation. Et vous pouvez même moduler des modulateurs, ce qui peut vous donner des choses assez complexes (comme vous pouvez le voir sur l’image ci-contre).
Contrôleurs XY et Sliders
Tout d’abord, les deux premiers modulateurs disponibles sont plutôt des contrôleurs que j’imaginerais assez bien utiliser en live — dans le mesure où ils permettent de gérer de façon centralisée certains paramètres.
Ainsi, Saturn 2 nous donne accès à un Slider, qui peut moduler un ou plusieurs paramètres entre 0 et 1 (comme un bouton de macro), mais aussi à un contrôleur XY, qui correspond au final à deux sliders superposés sous la forme d’une matrice à deux dimensions.
XLFO
Vous pouvez également ajouter un ou plusieurs XLFO pour moduler vos distorsions.
Concrètement, il s’agit de LFOs (oscillateurs basse-fréquence) ultra-paramétrables :
- synchronisation ou non au tempo du DAW ;
- séquenceur à 16 steps ;
- possibilité de contrôler la forme des oscillations à volonté voire de les rendre aléatoires ;
- contrôle du décalage entre les canaux gauche et droite (ou mid et side);
- …
Cela vous permet d’ores et déjà d’imaginer toutes sortes de distorsions créatives, synchronisées ou non avec le tempo de votre morceau.
D’une certaine façon, le nombre d’options sonores peut perdre un peu le débutant dans le sens où les possibilités créatives sont illimitées. On peut donc facilement perdre de vue la direction de son morceau. Cela me semble toutefois être un mal pour un bien : il faut juste prendre le temps de maîtriser le plugin… 🙂
Enveloppe Generator & Follower
Aux Sliders et XLFOs s’ajoutent maintenant des contrôleurs d’enveloppe.
Tout d’abord, l’Enveloppe Generator permet d’appliquer une enveloppe ADSR (comme sur les synthés) en fonction du niveau d’un signal donné : il peut s’agir du signal de la piste, d’un signal externe (en sidechain) ou encore d’un signal MIDI déclenchant l’application de l’enveloppe.
Ce type de modulation peut être très pratique pour, par exemple, faire évoluer la quantité de saturation sur une mesure : ici, j’envoie le signal du kick en sidechain pour avoir une saturation qui augmente de façon rythmique après le kick.
Autre option proposée par Saturn 2 : l’Enveloppe Follower. Cette fois-ci, le principe est d’avoir un suiveur d’enveloppe automatique permettant soit de cibler les transitoires (super pratique sur les batteries !), soit d’avoir un signal de modulation correspondant à une enveloppe lissée du signal audio.
Modulateurs MIDI
Enfin, vous pouvez également utiliser des signaux MIDI pour piloter le comportement de votre distorsion.
Ainsi, il est possible de moduler la quantité de distorsion en fonction de la position de la Mod Wheel ou encore en fonction du signal MIDI aftertouch.
Idéal si vous disposez, par exemple, d’un clavier MIDI avec lequel vous pilotez vos synthétiseurs virtuels.
En conclusion
Un seul article ne saurait résumer exhaustivement ce que propose FabFilter Saturn 2 : les options et possibilités sont particulièrement nombreuses, ce qui signifie bien sûr qu’il faut prendre le temps de lire le manuel et de s’adapter au plugin.
Niveau son, la qualité est là — comme d’habitude avec la marque. Les algorithmes sont pertinents et suffisamment variés pour approcher la production musicale et le mixage avec confiance.
Niveau créativité, Saturn 2 est un paradis d’outils plus amusants les uns que les autres, surtout grâce aux nombreuses sources de modulation que vous pouvez ajouter pour contrôler les paramètres de la distorsion.
Bref, un excellent plugin, sans doute plus utile que la première version, puisque vous avez maintenant des algorithmes dédiés à une utilisation sur des groupes de pistes ou en mastering.
Un grand bravo à l’équipe de FabFilter !