Les limiteurs et clippers sont parfois utiles pour le mixage mais sont surtout indispensables pour le mastering.
En effet, c’est grâce à eux que l’on peut augmenter le volume perçu d’un morceau pour atteindre, à volonté, celui des chansons commerciales que vous pouvez entendre un peu partout.
Ils réduisent en effet la plage dynamique de vos morceaux, vous permettant en contrepartie d’en remonter le niveau global.
Mais connaissez-vous la différence entre les deux ?
Question plus précise encore : connaissez-vous la différence entre le soft clipping et le hard clipping ?
Si ce n’est pas le cas – pas de problème, cet article va répondre (et j’espère le plus clairement possible) à ces questions 🙂 !
Le Hard Clipper
Des trois effets mentionnés ci-dessus, le hard clipping est probablement le plus facile à comprendre.
En effet, pour réduire le niveau des crêtes (peaks en anglais), le clipper va tout simplement les couper à un niveau prédéfini.
Un peu comme une feuille de papier qu’on découpe, en somme. La preuve en image :
Bien entendu, ce type de traitement provoque très forte distorsion du signal, agressive, inharmonique.
Du coup, il est surtout efficace sur les percussions, car le son de celles-ci est principalement composé de bruit et n’a pas de véritable tonalité.
Le hard clipping sera donc moins détectable lorsqu’il s’applique à une caisse claire que lorsqu’il est utilisé pour une guitare acoustique.
Le Soft Clipper
L’effet de soft clipping, comme son nom l’indique, fonctionne un peu de la même manière que le hard clipping.
En effet, il va lui aussi couper abruptement tout signal audio qui dépasse un niveau donné. Toutefois, de façon à rendre l’effet un peu moins audible, le signal sera lissé un peu avant et un peu après le clipping (la coupure), dans la même idée que le réglage de “knee” des compresseurs.
En image ça sera beaucoup plus clair :
BIen entendu, cette technique génère également de la distorsion, avec notamment l’apparition d’harmoniques impaires.
Comme le hard clipping, elle fonctionne très bien sur les percussions ou pour calmer les mics lors du mastering.
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Le Limiteur
Les limiteurs, eux, fonctionnent de manière très différente.
En fait, ce sont des compresseurs dotés d’un ratio très important, tel que 10:1 ou 20:1. Parfois même, on parle de ratio infini ∞:1.
Sur les plugins, les réglages sont souvent moins nombreux que pour les compresseurs, car leur utilisation est plus spécifique. Par exemple, le Classic Master Limiter de Kjaerhus n’a qu’un seul bouton… :
Avec les limiteurs, dès que le signal dépasse le Threshold (seuil) fixé, il va être compressé. C’est-à-dire : atténué.
La distorsion induite est donc généralement plus faible, car le signal n’est pas coupé et seul son niveau est modifié. Par exemple, admettons que vous passiez une onde sinusoïdale dans un limiteur et qu’elle dépasse le seuil, alors elle perdra en puissance avec une distorsion a priori minimale.
(Notez que j’ai écris “a priori minimale”. En effet, ça dépend des plugins ou du matériel utilisé — certains limiteurs ont plus de caractère que d’autres, et bien sûr plus vous allez limiter fortement, plus ça va saturer, c’est inévitable…)
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Clipper ou Limiteur : lequel utiliser ?
Comme nous l’avons vu dans le début de l’article, le fonctionnement de ces effets est très différent.
Lequel faut-il utiliser pour le mastering ?
Objectivement, il n’y a pas de règle absolue. On peut définir quelques consignes :
- Clipper — Ils engendrent une forte distorsion, et sont donc principalement utilisé dans les musiques électroniques/hip-hop ou pour couper les crêtes liés à des percussions, qui seront moins sensibles à la dénaturation du son. Ils permettent d’ajouter un peu d’agressivité ou de mordant au son.
- Limiteur — Beaucoup plus naturels, ils sont à privilégier pour les musiques pop/rock ou acoustiques, pour lesquelles la fidélité du son est beaucoup plus importante pour les auditeurs.
Par exemple, une guitare acoustique dont les crêtes sont atténuées avec un limiteur sera beaucoup plus agréable que celle, pleine de distorsion, traitée avec un clipper. 🙂
De mon côté, d’ailleurs, j’ai tendance à préférer les limiteurs pour le côté naturel…
Cependant, comme souvent en studio, il est utile de tester les deux pour voir lequel sonne le mieux. Avec le temps et l’habitude, vous prendrez vos marques et développerez vos préférences.
Parfois même, vous constaterez qu’un limiteur suivi d’un clipper est une solution encore plus efficace pour réduire la plage dynamique de vos morceaux !
Et vous, lequel préférez-vous ? Quels plugins de clipping ou de limiting utilisez-vous ? Laissez un commentaire ci-dessous.
Commentaires (22)
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Moi qui a toujours utilisé le limiteur, je trouve ça très intéresant les clippers! Je vais voir si j’en ai dans mon DAW. Niveau Mastering, je vise d’habitude entre 10 et 14 dB de gamme dynamique.
Bonjour. Peut-on utiliser un limiter ou un clipper sur chaque piste, et le reutiliser au mastering? Ou cette manière peut ” tuer” le son au finale? Cordialement
Bonjour,
Dans l’absolu on peut, mais effectivement si la dynamique de chaque piste est trop réduite cela peut nuire à la qualité du son final. Ceci dit il y a plein de situations où un limiter permet de contrôler légèrement les crêtes d’une piste.. 🙂
Mon conseil : se poser la question, pour chaque piste, “est-ce que j’ai besoin d’un limiter ?”
Adrien
Merci Adrien pour cette réponse … rapide
Avec plaisir – n’hésitez pas si vous avez d’autres questions ou bien si vous souhaitez que je précise quelque chose 🙂
J’en aurai d’autres c’est sûr. En tout cas votre blog m’aide beaucoup vu que j’ai encore beaucoup de chose à apprendre
super article !
merci 😉
Bonjour, très bon article qui m’intéresse, faisant parfois du mastering en amateur, je constate à la sortie de mon izotope que du clipping est parfois présent et que ça dépasse les 0db en peak !? C’est grave, je le sais, et pourtant …
Je pose la question car je constate que beaucoup de musiques actuelles dépassent le 0db en crête, parfois du 3db voir 4 db au dessus en peak avec du -10 rms =O sans constater de saturations mais permettant une grosse dynamique sur un son fort … C’est de plus en plus fréquent ! Parfois lorsqu’on analyse certaines musiques, je suis à plus de 10 000 clippings/référencé à la minutes sur des musiques parfois très connues ! Avec un défaut où une saturation inaudible pour un non avertie ><
Du coup, ma question est la suivante, est-ce normal de faire ce constat ? Est-ce si grave si à l’écoute finale, les dégâts ne sont pas audibles ?
Bonsoir,
Merci pour votre commentaire 🙂 !
Une technique consiste notamment à garder une marge de sécurité, en fixant une valeur limite de -0.3dBFS.
Je ne vois pas trop à quoi vous faites référence concernant des musiques dépassant 0 dB en crête, si l’on parle bien de dBFS. Ca ne peut pas être reproduit par les convertisseurs, et un fichier WAV ne peut pas porter ce genre d’informations.
Pour répondre très concrètement à la question, il faut 0 clipping après mastering ! 🙂
Adrien
Merci pour la réponse Adrien, passe une très bonne soirée !
Avec plaisir, merci 🙂
Bonjour,
est ce qu’un limiteur est suffisant pour établir un mastering, ou bien on aura besoin d’autre plugins avec multipressor…..?
Merci d’avane
Bonjour,
Généralement on va toujours mettre un limiteur pour remonter le niveau du morceau tout en ayant une protection pour s’assurer de ne pas dépasser 0 dBFS.
Par contre, bien souvent lors du mastering on peut être amené à utiliser toutes sortes d’autres effets : égalisation, compression, saturation, égalisation mid/side…
Jai un peut de mal .
En gros il font le meme boulot qu’un compresseur non ?
D’une certaine façon, oui puisque ça réduit la plage dynamique 🙂
Bonjour, qu’elles sont les plug-ins de limiteurs et de clippers que vous utilisez dans vos mixage ?
J’utilise rarement un clippeur au final, et pour le limiting j’utilise principalement Pro-L 2 de FabFilter.
Adrien
Très bien , très clair j’ai tout compris ! merci
Avec plaisir 🙂
Bonjour Adrien,
Merci pour ton travail c’est toujours pertinent et compréhensible.
Ma question concerne l’utilisation du hard clipping en contexte rock/hard/metal/punk rock sur une production “moderne”. Afin de gagner en punch et en loudness sur la batterie, je souhaite utiliser inflator sur les kick, snare et tom éventuellement.
Dois-je utiliser ce clipper en début de chaine d’insert ou plutôt en fin ? En résumé, je hard clippe mon son brut ou mon son traité ?
Merci beaucoup.
David
J’aurais tendance à le mettre par défaut plutôt à la fin, mais bon il n’y a vraiment pas de règle pour le coup. Tout dépend de “est-ce que ça sonne mieux” à l’endroit où tu l’ajoutes