Qualité sonore - 8.5
Fonctionnalités / Fabrication - 9
Rapport Qualité/Prix - 9
POUR
La bonne qualité de fabrication, le plugin qui va avec et qui permet vraiment d'améliorer le son du casque, la bonne isolation
CONTRE
Le fait que le casque serre un peu la tête, l'absence d'une version standalone du plugin pour l'écoute en dehors du DAW, un peu de transfert de bruits solidiens (mais rien de grave)
Vous le savez, je suis un grand fan d’ADAM Audio pour leurs enceintes.
J’ai d’ailleurs des A7X depuis des années dans mon studio, qui fonctionnent excellement bien.
Mais ADAM Audio, ce n’est pas que des enceintes : depuis quelques années, la célèbre marque allemande s’est également mise à fabriquer des casques.
Et il y a peu, ils ont sorti un nouveau casque fermé : le H200 — que j’ai reçu pour pouvoir vous donner mon avis dans les colonnes de Projet Home Studio.
Surtout que, vous allez voir, c’est un casque un peu particulier puisqu’il est associé à un plugin.
Mais je ne spoil rien — commençons par le commencement.

Déballage & Fabrication
Le casque ADAM Audio H200 est livré dans une boîte en carton assez standard, mais pour le coup je trouve ça bien : ça protège le casque sans en faire de trop.
Je préfère que l’argent serve à fabriquer de bons casques plutôt qu’à construire un packaging ésotérique favorisant surtout le marketing.
Bref, à l’intérieur de la boîte on retrouve le casque bien sûr, une pochette de transport de bonne qualité (acrylique à l’extérieur, et une doublure en feutre doux à l’intérieur), ainsi qu’un câble de 3 mètres non-torsadé.
On appréciera justement que le câble soit détachable, ce qui n’est pas le cas de tous les casques de cette gamme de prix — mais également que l’on puisse le brancher au choix d’un côté ou d’un autre du casque. Comme ça, l’utilisation du casque est idéale peu importe la configuration.
Niveau design du casque, comme vous pouvez le voir sur les photos, on retrouve une esthétique moderne très propre et efficace, avec un casque presque totalement noir.
Ca rend bien.
Niveau matériaux, on est principalement sur du plastique (de qualité) pour une grande partie des pièces, mais la structure en elle-même est en métal.
En termes de solidité, tout a l’air très bien de ce côté là, même si on peut dès le premier essai remarquer un petit défaut du casque : il a tendance à serrer un peu les tempes, et transmet par la même façon un peu trop de bruits solidiens à mon goût (par exemple si vous touchez le câble, eh bien ça va s’entendre très rapidement).
Par contre, le fait que ça serre un peu au niveau des oreilles est aussi un atout, puisqu’on est là sur un casque fermé.
Donc un casque qui, par défaut du moins, n’est pas dédié à être un casque purement orienté mixage, mais plutôt un casque utilisé pour le tracking.
Par exemple, le casque qui va être porté par un chanteur ou une chanteuse lorsqu’elle enregistre.
Donc le maintien ferme, s’il retire un peu de confort, permet d’assurer une meilleure isolation, ce qui est souhaitable sur ce type de casque.
Et en l’occurrence, le H200 isole très bien de l’extérieur ce qui est un très bon point justement si vous comptez l’utiliser pour des sessions d’enregistrement.
Ceci dit, même si l’on peut élargir l’armature comme sur la plupart des casques, j’aurais tendance à le déconseiller aux personnes ayant vraiment une grosse tête ! 🙂
Par contre, pression mise à part, le casque est quand même assez confortable grâce aux coussinets en similicuir qui épousent bien le contour de l’oreille. Notez au passage que des coussinets en velours existent également, mais je ne les ai pas testés dans le contexte de cette review.

Le son
Mais est-ce que ça sonne bien ?
Certes, on n’attend généralement pas la même qualité sonore d’un casque fermé plutôt orienté tracking que d’un casque ouvert orienté mixage & mastering, mais c’est quand même important que le casque produise un son agréable et suffisamment précis.
Alors qu’en est-il pour le ADAM Audio H200 ?
Un mot sur l’impédance
Notons tout d’abord que le H200 a une impédance de 32 Ohms.
Si la notion d’impédance ne vous parle pas trop, n’hésitez pas à lire mon dossier sur le sujet qui vous explique tout ce qu’il y a à savoir.
Bref, 32 Ohms, ça veut dire que vous allez pouvoir brancher le casque sur n’importe quel appareil sans soucis.
D’ailleurs, durant mes tests, il sortait un très bon niveau de volume sur tous les appareils sur lesquels je l’ai branché.
Par contre, notez qu’il est possible que la réponse en fréquences soit affectée si vos amplis casques possèdent une impédance de sortie élevée (même si c’est de plus en plus rare sur le marché).
Rien qui n’empêcherait l’utilisation du H200 pour du tracking, ceci dit.
Mon avis sur le son (en première écoute)
J’ai pris le temps d’écouter le son du H200 dans différents contextes.
Sur les morceaux de références que j’utilise à chaque fois pour mes reviews de dispositifs d’écoute, mais également sur différentes sessions.
Au global, pour moi on est sur un casque qui propose un son de qualité.
Les basses sont bien reproduites et assez denses avec un bon niveau de détail. Les médiums sont un peu en avant, mais d’une façon qui n’est pas désagréable du tout. Et les aigus quant à eux sont un peu en retrait mais sans jamais disparaître non plus.
Cela donne un casque légèrement sombre mais pas dans le mauvais sens du terme : à l’utilisation, le son est agréable et suffisamment équilibré pour que l’on puisse travailler correctement.
Les transitoires ont un bon niveau de détail même si le côté calme des aigus ne les met pas trop en évidence (ce qui peut être un plus sur certains morceaux, on le verra dans un instant), et l’image stéréo quant à elle est normale pour un casque fermé : pas trop large, pas trop resserrée non plus.
Mais il y a d’autres choses à dire sur le son : nous reviendront dessus dans un instant.

Mes notes d’écoute
En effet, avant de parler de ce qui rend ce casque assez unique, j’aimerais vous partager mes notes d’écoute.
Puisque comme d’habitude sur Projet Home Studio, j’ai testé ce casque en m’appuyant spécifiquement sur 4 morceaux de référence que vous retrouverez dans tous mes tests.
(remarque : les liens ci-dessous sont des liens YouTube, mais les morceaux sont bien entendu écoutés en version FLAC)
Ed Sheeran – I See Fire
(Cliquez ici pour écouter le morceau)
Immédiatement, on constate (sur la guitare & la voix) que les aigus sont en retraits mais ils sont bien définis ce qui ne nuit pas au confort d’écoute. Par contre, la conséquence évidente est que le casque est un peu mid-forward, avec des médiums poussés vers l’avant comme un son un peu vintage.
Sur la guitare, les transitoires sont bien reproduits, et on note une bonne puissance dans les basses qui sont rondes et nettes.
Niveau image stéréo : peut-être que ça manque un peu de largeur, mais c’est aligné avec ce que j’attends d’un casque fermé.
Daft Punk – Get Lucky
(Cliquez ici pour écouter le morceau)
Le groove se perçoit immédiatement, avec des basses plutôt nettes qui permettent de bien entendre le détail des notes.
Le fameux clap/snare, que je critique à peu près à chaque review, rentre cette fois mieux dans le mix grâce aux aigus un peu en retrait. Mais ce n’est pas gênant : c’est un casque fermé, et pas un casque de mix. Ca procure même sur le morceau un certain confort d’écoute.
Sur les percussions, très bonne reproduction du punch.
Toujours mid-forward mais pas non plus trop sombre, je trouve le son agréable d’une façon générale.
La répartition spatiale est OK — typiquement sur le break on perçoit bien le positionnement dans l’espace des différents sons, donc tout va bien de ce côté.
Rage Against The Machine – Killing In the Name
(Cliquez ici pour écouter le morceau)
Le punch de la grosse caisse ressort bien instantanément.
Le côté “médiums un peu en avant” du casque calme l’agressivité du mix de la bonne façon, ce qui est plutôt agréable à l’écoute.
La basse est assez nette et on capte très bien le claquant dans les médiums/haut-médiums de l’instrument.
An now you do what they told ya…
Dès la reprise après le premier break, on perçoit bien la profondeur des instruments – en particulier des guitares par rapport à la voix qui elle est très proche.
Le son est très précis d’ailleurs sur les guitares qui ressortent de façon très esthétique.
The Uruk-Hai – Howard Shore
(Cliquez ici pour écouter le morceau)
Un peu le crash test de cette série de 4 morceaux de référence, puisque la musique orchestrale / classique vient aussi avec son lot de contraintes, qui fait que ça passe mieux sur certains casques que sur d’autres.
Ici, le son semble plus compressé que sur d’autres casques. Le H200 n’a peut-être pas la finesse absolue pour la musique orchestrale, mais en même temps ce n’est pas nécessairement ce qu’on attend de lui.
On entend toutefois assez bien les instruments même si on aurait une meilleur séparation sur certains casques ouverts.
Exemple net pour moi : les percussions métalliques sont bien audibles et positionnées correctement dans l’espace avec la réverbe.
Donc sur ce morceau, le H200 s’en sort moyennement, mais c’était relativement prévisible.
Mais ce n’est pas tout !
Oui, ça n’est pas tout.
Le H200, s’il est déjà un casque fermé sympathique, va encore plus loin.
Vous le savez, il existe différentes solutions sur le marché pour “corriger” le son des casques.
Et le fait est qu’ADAM Audio, pour le H200, s’est associé à Sonnox (qui appartient au même groupe, à savoir Focusrite PLC) pour proposer justement un plugin permettant d’ajuster le son du casque, et le tout sans latence !
Même si ce n’est pas le genre de solution qui me hype particulièrement, j’ai pris bien sûr le temps de tester ça pour la review et j’ai été agréablement surpris.
Remarque : à date, le plugin est disponible pour Windows et pour MacOS. Toutefois, il n’existe pas de version standalone à ma connaissance. Cela veut dire que les choses dont on va parler maintenant présupposent que vous utilisez votre casque avec un DAW ou logiciel assimilé vous permettant de charger ledit plugin.

Une correction par défaut
Comme vous pouvez le voir sur la capture d’écran ci-dessus, le plugin nécessite avant tout de sélectionner le “Earpad Material”, donc le matériau dont sont faits les oreillettes.
La correction du son est en effet différente selon le matériau utilisé (et il semblerait que les coussinets en similicuir soient ceux qui colorent le moins le son).
Bref, on met donc le plugin sur le buss master ou équivalent, on choisit les options qui vont bien, et ensuite on peut immédiatement profiter d’un son corrigé.
C’est-à-dire que lorsque vous êtes en mode “pure” (le réglage en bas à gauche du plugin), qui est l’option par défaut, vous avez d’ores et déjà une correction.
Et cette correction me semble très agréable et pertinente : on retrouve une correction de quelques résonances qui étaient présentes et surtout un petit soulèvement des aigus qui vient complètement compenser le manque noté précédemment.
Regardez, je vous ai fait une capture d’écran de la correction appliquée grâce à Plugin Doctor :

L’option UNR
Un peu comme sur les récentes enceintes ADAM A7V que j’avais testées ici même, on retrouve également un mode appelé “UNR” pour “Uniform Natural Response”.
Qui est sensé de ma compréhension et est un peu plus “agréable à l’écoute” en fait que le mode “pure”, ce dernier étant un peu plus plat.
A l’utilisation, autant la correction du mode “Pure” me semble bienvenue, autant le mode UNR est trop marqué.
Globalement, il consiste en un soulèvement des aigus et un gros soulèvement des basses.
Ce n’est pas du tout nul, mais ça me semble trop net : j’aurais bien aimé un réglage intermédiaire allant dans ce sens là mais d’une façon plus douce.
Rien de grave ceci dit : comme je le disais, niveau travail en studio, le mode Pure est déjà très appréciable — et pour les moments où vous voulez vraiment entendre plus de basses, là vous pouvez activer le mode UNR.
Par exemple, dans les phases de production musicale.
Externalization
Enfin, peut-être avez-vous remarqué sur le plugin le bouton central triangulaire nommé “Externalization”.
Le fait est que sur les casques, la séparation gauche/droite est par défaut totale : vous n’entendez pas le son de l’oreillette gauche dans votre oreille droite.
Alors que sur des enceintes, on a ce type de phénomène.
Pour pallier ce problème et reproduire un peu une écoute plus proche de ce qu’on aurait avec des enceintes, vous pouvez activer justement l’option “Externalization”, qui simule les caractéristiques d’écoute d’enceintes.
Mais attention.
On est pas là sur quelque chose de vraiment extrême qui serait plus un gadget qu’autre chose, non.
On est sur quelque chose d’utile qui apporte une certaine cohésion entre ce qu’entend l’oreille gauche et ce qu’entend l’oreille droite pour améliorer l’écoute.
On appréciera justement le côté pratique de la fonctionnalité, qui est là purement pour donner un petit coup d’amélioration supplémentaire sans changer drastiquement le son.
En conclusion
Au final, je trouve qu’ADAM Audio a très bien réussi son coup avec le H200, qui est disponible à un prix correct pour la qualité.
Le confort est correct : certes ça serre un peu, mais cela permet une vraie isolation et ça reste confortable pour des sessions de tracking.
Mais surtout, je trouve le son bon et agréable. Certes un peu porté sur les médiums, mais sans que ça soit gênant.
Et dans tous les cas vous pouvez utiliser sans latence le plugin fourni pour corriger un peu ça — c’est très simple à utiliser, ça fonctionne bien, et ça permet à votre casque d’aller encore plus loin que ce qu’il propose déjà “nativement”.
Bref, un bon casque de tracking que je vais probablement utiliser régulièrement sur mes sessions d’enregistrement.
Commentaires (2)
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Salut Adrien c’est vraiment la review que j’attendais en ce moment … et comme d’habitude un avis constructif !
Ah super alors 🙂 ! Merci du retour Low Frequencies !