Test Plugin : Tapedesk d’Overloud

8.5/ 10

Qualité sonore - 9

Fonctionnalités / Interface - 9

Rapport Qualité/Prix - 7.5

POUR
La couleur et la qualité du son, la facilité d'utilisation, l'idée de combiner simulation de console et de magnétophone

CONTRE
Une seule simulation de magnétophone et de bande magnétique, le prix plutôt élevé

Il y a quelques mois, la marque italienne Overloud a lancé une nouvelle série de plugins audio appelée simplement Gems.

L’idée de Gems, c’est de proposer des VSTs (ou autres formats) intégrant des algorithmes de traitement de très haute qualité, émulant du matériel analogique hardware avec une orientation nettement vintage.

A l’heure où j’écris ces lignes, quatre modèles sont disponibles : Comp76 (un compresseur FET), EQ495 et EQ84 (deux égaliseurs vintages) et Tapedesk, qui simule à la fois le processus d’enregistrement sur bande magnétique mais aussi les caractéristiques de consoles de mixage célèbres.

Et vous l’avez compris : c’est de ce dernier dont je vais vous parler ici…

Interface et Fonctionnement

Tapedesk est avant tout conçu comme un outil permettant d’ajouter de la couleur dans vos mix. Son principe de fonctionnement est donc relativement simple :

Fonctionnement du traitement de Tapedesk

Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-dessus, le signal audio est traité selon trois étapes. A chaque fois, les circuits électroniques correspondants et autres joyeusetés analogiques ont été entièrement modélisés.

A noter que l’on peut, au besoin, désactiver la partie console ou la partie “tape” (magnétophone à bande) pour ne profiter que des particularités sonores de l’une ou de l’autre.

Une interface pratique

L'interface de Tapedesk d'Overloud

L’interface suit globalement le fonctionnement exposé ci-dessus :

  • les parties latérales, à gauche et à droite, correspondent à la simulation de console
  • la partie centrale est dédiée à la simulation d’enregistrement/playback de bande analogique sur un magnétophone.

Comme vous pouvez le voir, l’interface est donc limpide avec des contrôles simples à utiliser.

Au centre, un visuel animé représente un magnéto en train de tourner. Toutefois, pas de soucis pour ceux qui n’aiment pas :  il est possible d’arrêter l’animation en deux clics de souris.

Simulation de Préamplis/console analogique

Trois consoles célèbres ont été modélisées dans Tapedesk :

  • S4000 — Simulation de SSL4000, plutôt claire et agressive
  • N80 — Simulation de Neve 808 avec un son chaud et old-school
  • T88 — Simulation de Trident 88, assez chaleureuse et donnant un son solide et épais.

A chaque fois, la saturation propre aux transformateurs peut être activée ou désactivée.

De plus, sur les vraies tables de mixage analogique, il est très possible que deux tranches de console successives ne sonnent pas exactement pareil. Ceci est dû au fait que les composants électroniques n’ont jamais des propriétés 100% identiques.

Cette particularité est également reproduite dans Tapedesk, grâce au mode “Tolerances” qui peut être activé à volonté, engendrant de légères différences de son entre les instances du plugin.

Sympathique, non ? 😉

Simulation de magnétophone à bande

Il y a un peu plus de contrôles disponibles pour cette partie, mais ils sont très simples et permettent de colorer le son selon son goût.

Tout d’abord, on a les boutons Rec Level et Playback Level, connectés entre eux par défaut, qui permettent de contrôle la quantité de saturation.  Si vous poussez le premier un peu, le vu-mètre central vous indiquera que vous tapez dans le rouge et vous atteindrez alors une distorsion pleine de caractère.

Magnétophone à Bande Magnétique Studer A80
Tapedesk émule le magnétophone à bande magnétique Studer A80 (CC BY-SA 3.0 d’après une photographie de JacoTen)

Ensuite, il y a le réglage de Tape Speed (vitesse de la bande magnétique).

Initialement, lorsque le plugin est sorti et que je l’ai téléchargé pour la première fois, seules deux vitesses étaient disponibles : 7.5″ et 15″ par seconde. Toutefois, la forte demande de la communauté a forcé Overloud à ajouter une option de 30 pouces par seconde.

J’ai trouvé particulièrement appréciable que la marque se montre très réactive aux besoins de ses utilisateurs — d’autant plus que cette option supplémentaire sonne très bien ! 🙂

Si ces différences de vitesses ne vous parlent pas trop, sachez que :

  • si la vitesse est lente, alors il y aura moins d’aigus mais les basses seront plus définies
  • si la vitesse est rapide, c’est l’inverse : plus d’aigus mais moins de définition sur les basses.

Tout simple, non ?

Enfin, le bias des têtes de lecture ainsi que la quantité de scintillement peuvent également être ajustés.

En quelques minutes, il est donc possible d’obtenir le son que l’on cherche sans se prendre la tête sur des réglages complexes.

Un bon son vintage…

Interface mise à part, le plus important c’est bien entendu la question “Est-ce que ça sonne bien ?”.

Différentes couleurs

Peu importe le modèle de console ou la vitesse de bande magnétique choisis, Tapedesk réussit constamment à imprimer au son un effet vintage très agréable et plutôt réaliste.

Le son est chaud, la saturation dosée correctement et l’impact de la vitesse d’enregistrement net. Les basses sont renforcées et compressées — le mix en sort consolidé.

Un peu plus d’options aurait toutefois été apprécié. Par exemple, la possibilité de choisir entre plusieurs marques de bandes. Ou encore, entre plusieurs magnétophones — puisque actuellement seule une simulation de Studer A80 est intégrée.

Bien évidemment, on a envie de comparer le plugin avec VTM de Slate Digital, mais cette comparaison n’est pas tout à fait légitime car le premier inclut une simulation de console, et pas le deuxième.

Toutefois, pour moi, les basses sont moins boostées sur Tapedesk, et le son est adouci d’une façon complètement différente de VTM mais avec une qualité équivalente, ajoutant une glue sonore agréable et utile à tout moment du mix.

Prenons un exemple concret avec une piste de guitare (extraite de la chanson Eliza Jane de James May).

Pour donner un aperçu de ce qui peut être fait, j’ai généré trois versions du sample : une sans effet, une avec une saturation légère et enfin une troisième en poussant assez fort le plugin.

Comme vous pouvez l’entendre (si vous utilisez de bonnes enceintes ou un bon casque, parce que ce genre d’effets reste assez subtil quand même), on gagne progressivement en rondeur et en chaleur. Le son de la guitare s’éclaire nettement et semble prendre vie.

Astuce : on peut même en profiter pour faire des effets. Essayez de pousser à fond le plugin sur une nappe de synthétiseur, ça marche très bien…

Et sur un mix complet ?

C’est sur un mix complet que le plugin prend tout son sens.

En effet, la philosophie de Tapedesk consiste à l’utiliser un peu partout, sur toutes les pistes ou au moins sur tous les buss, pour reproduire une façon de travailler analogique, comme dans les studios des années 60/70.

Du coup, toutes les pistes s’imprègnent légèrement de la coloration et de la saturation, au lieu d’un effet appliqué brutalement sur le master.

Plutôt que de parler un peu dans le vide, je vous propose d’écouter directement un exemple audio, utilisant la même chanson de James May que mentionné plus haut.

Le plugin a ici été positionné sur chaque buss (batterie, voix, guitare et guitare pedal steel), ainsi que sur la réverbe de la voix et sur le master.

Je trouve le contraste assez frappant. La chanson prend vraiment vie, même s’il s’agissait volontairement d’un mix très rapide. La voix prend de la couleur et un grain vintage. Les guitares ressortent.

Et surtout, le mix gagne fortement en cohésion.

C’est la magie du son analogique !

En conclusion

Comme vous l’avez vu, Tapedesk est un plugin combinant simulation de table de mixage analogique et d’enregistrement sur bande magnétique.

Complètement orienté vers un son vintage, il possède un caractère fort et permet d’ajouter de façon subtile ou marquée de la couleur aux pistes sur lesquelles il est utilisé.

Le son est très chaud et compense ainsi le problème des enregistrements numériques souvent trop plats.

Certes, il est un peu cher — mais sa capacité à donner du sens au mix en fait un outil particulièrement intéressant.

Bravo Overloud ! 🙂

Commentaires (4)

Laisser un commentaire

cris / Répondre

Bonjour,

Merci pour cette excellente présentation. Une question un peu geek : est-ce que ce plugin enregistre vraiment le son sur une bande virtuelle pour la lire ensuite, donc est-ce que cette chaîne est reproduite “réellement virtuellement” pardon pour le paradoxe

Ce qui me semble différencier essentiellement la bande du virtuel, c’est bien qu’il y a un support physique dans le premier cas, et que le son qui y est gravé crée une empreinte, un peu comme un pied dans le sable, laissant une cuvette autour de lui. Donc pour le son, il y aurait quelque chose avant le son (le débord de l’empreinte, donc la bande modifiée) le son (l’empreinte) et l’après du son (le débord de l’empreinte , la bande modifiée)

Même si ça semble tiré par les cheveux et que l’oreille ne peut pas détecter une telle subtilité, quelque chose en nous perçoit la différence. Le son est posé dans un environnement, la bande. Alors que le le son virtuel flotte dans l’air

Si vous avez quelques infos…

Bien à vous

Cris

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour,
Je ne connais pas en détail l’algorithme, mais généralement l’ensemble des éléments qui affectent le son sont pris en compte. Il n’y a alors pas besoin réellement d’enregistrer sur une bande virtuelle, ça ne changerait rien en fait.
Adrien

Laissez un commentaire

Nous respectons votre vie privée : votre adresse mail ne sera pas publiée.