Ehrlund EHR-M : un Test du Microphone à Capsule Triangulaire

9.2/ 10

Qualité sonore - 9

Fonctionnalités / Interface - 9.5

Rapport Qualité/Prix - 9

POUR
Le design original, le niveau de détail et la sensibilité, les aigus soyeux

CONTRE
Très (trop ?) révélateur de détails

Ehrlund est une marque Suédoise jusqu’à présent assez peu connue en France, mais qui commence depuis quelques mois à être beaucoup plus visible et donc potentiellement à s’ajouter aux parcs de microphones des studios français.

En effet, la marque fabrique des microphones plutôt haut de gamme — et qui se retrouvent utilisés dans des contextes très différents, par exemple par des gens comme la célèbre Sinéad O’Connor ou par Wintergatan, dont vous avez très probablement vu cette vidéo.

Alors certes, le prix est relativement élevé, mais il est en lien direct avec la qualité des produits. C’est justement le cas pour l’EHR-M que j’ai eu l’occasion de tester et dont nous allons parler dans cet article — qui se trouve être le microphone phare de la marque.

Premières impressions

L'EHR-M d'Ehrlund dans sa boîte

Avant de tester l’EHR-M, je n’avais vraiment aucun avis préconçu, aucun a priori particulier, puisque je ne connaissais pas la marque plus que ça — si ce n’est à travers le très amusant trailer sorti quelques jours plus tôt et que j’avais trouvé vraiment bien fait.

Je ne savais pas à quoi m’attendre, et le fait est que la surprise fut bonne.

L’EHR-M est livré dans une boîte en bois assez jolie sur lequel le logo de la marque est apposé, visiblement par pyrogravure.

A l’intérieur, le microphone est bien protégé, à la fois par une mousse découpée et par une petite housse permettant d’éviter que des poussières atteignent la capsule lorsque le microphone n’est pas utilisé.

(On sort la bête, on retire la housse…)

Wow, le microphone impressionne.

Le microphone Ehrlund EHR-M avec sa capsule triangulaire

Il est élégant.

La finition est bonne, tout semble bien fabriqué et respire la qualité. Le “Made in Sweden”, rappelé discrètement en-dessous du micro, à côté de la connectique XLR, y est sans doute pour quelque chose.

Mais surtout, on est surpris par la capsule, de forme triangulaire, qui diffère donc des plus courants modèles circulaires que l’on retrouve dans les microphones statiques.

Comme il n’y a qu’une seule grille, on a l’impression d’avoir un petit miroir en triangle à l’intérieur — ce qui permet d’identifier instantanément le micro et attirera sans doute la curiosité de ceux qui enregistreront avec.

Marketing direz-vous ?

Eh bien, non, en fait. Le fait que la capsule soit triangulaire engendre des propriétés acoustiques très différentes de celles d’une capsule circulaire, dont notamment une résonance bien plus faible.

Cela se traduit par un son plus précis, plus détaillé, et par une capacité à capter des sons ayant une fréquence élevée.

Tout cela se retrouve donc au niveau des spécifications techniques, assez impressionnantes il faut dire :

  • Plage de Fréquences : 7 à 87000 Hz
  • Sensibilité : 23 mV/Pa (donc le micro est très sensible)
  • Niveau de bruit équivalent : < 7 dBA (ce qui est vraiment bas)

A l’utilisation

Mais du coup, comment ça sonne ?

Eh bien ça sonne vraiment très bien.

En effet, dès les premières secondes où je l’ai branché (sachant que j’ai d’abord testé sur les préamplis de ma RME, qui sont particulièrement neutres et même considérés par certains comme un peu tristounets), j’ai pu constater que l’EHR-M d’Ehrlund offrait un son très qualitatif et précis.

Pas besoin de pousser du tout le préampli, d’ailleurs, car le microphone est vraiment sensible.

Les aigus ressortent de façon marquée mais très musicale, et c’est sans doute l’une des vraies forces du microphone : bien que mises en valeur, ces hautes fréquences sont toujours soyeuses et naturelles.

Très agréable, même si sur certaines voix un peu sibilantes à la base les “S” risquent de ressortir un peu. Rien d’impossible à corriger avec un de-esser, ceci dit.

Sur le chant ou pour des applications voix-off, l’EHR-M trouvera sans aucun doute sa place.

Voici un petit enregistrement, justement dans une logique voix-off, pour illustrer mes propos avec un texte de circonstance (disclaimer : je ne suis pas acteur voix-off) :

(Texte basé sur un contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Incident de Rendlesham de Wikipédia en français (auteurs))

D’une façon générale, le son est particulièrement transparent.

C’est un atout, je trouve, pour le microphone — mais il faudra bien sûr en être conscient lorsque vous l’utiliserez. En le branchant sur un préampli un peu coloré, type 1073 par exemple, vous pourrez toutefois générer un peu d’harmoniques supplémentaires et ainsi donner un peu plus de corps au son.

Par ailleurs, cette transparence, couplée à l’impressionnante sensibilité dont on a parlé plus haut, engendre des prises de son avec énormément de détails : la performance doit donc être vraiment de bonne qualité (et les instruments bien réglés) pour que vous puissiez profiter de toute la qualité de l’EHR-M.

Enfin, durant mes tests, j’ai également pu constater que ce microphone de chez Ehrlund ressortait par sa capacité à reproduire les transitoires.

En effet, il s’avère être extrêmement rapide et précis. Sur les percussions ou la guitare acoustique, l’enregistrement devient donc un vrai plaisir avec un son plein de détails et très dynamique.

Il ne faut pas hésiter, d’ailleurs, à reculer l’EHR-M dans des positions plus distantes, en prise “room” : il est tout aussi efficace qu’en prises rapprochées.

Voici un exemple de prise de son de guitare acoustique, avec une guitare Lâg Tramontane dont le son est, à la base, vraiment porté sur les médiums voire un peu trop “boomy” :

En conclusion

Au final, l’Ehrlund EHR-M s’avère être un excellent microphone au prix très justifié.

Le soulèvement agréable des aigus (qui n’empêche pas le reste du spectre de fréquences d’être présent au bon niveau), la rapidité de réaction sur les transitoires et l’impressionnant niveau de détail du son au global en font un micro assez polyvalent mais qui prendra notamment tout son sens sur des prises voix ou voix off, ainsi que sur la guitare acoustique.

Clairement, la capsule triangulaire n’est donc pas une pirouette marketing : c’est une vraie innovation technologique qui implique un son spécifique et de grande qualité.

Un grand bravo à Ehrlund pour cela !

Commentaires (2)

Laisser un commentaire

Cosme / Répondre

Salut Adrien. Merci pour tes conseils. Et si je branchais ce micro a mon pré ampli warm audio Tone Beast TB12 quelle sera l’effet qu’on peut avoir?

Adrien Administrateur / / Répondre

De mémoire les exemples audio sont faits avec mon TB12 justement.
Tout dépendra des réglages, mais je pense que c’est intéressant de coupler un micro comme le EHR-M, assez transparent, avec un préampli coloré comme le TB12

Laissez un commentaire

Nous respectons votre vie privée : votre adresse mail ne sera pas publiée.