Réglage d’un Compresseur Audio (Expliqué Simplement)

Comment utiliser un compresseur audio ?

Vous avez sans aucun doute déjà entendu parler de la compression dynamique : c’est un effet essentiel pour le mixage, au même titre que l’égalisation.

Mais savez-vous vraiment à quoi sert la compression audio ? Savez-vous régler les paramètres d’attaque, de release, de threshold ou de ratio sur vos plugins ?

Peut-être pas, et c’est normal : c’est un sujet assez complexe.

Le problème, c’est que si vous ne savez pas exactement l’effet qu’ont chacun de ces paramètres de compression dynamique sur votre musique, vous risquez de détériorer vos mix plutôt que de les améliorer.

Le compresseur d'Ableton Live

Je vous conseille donc plutôt de prendre quelques minutes pour suivre ce tuto sur les différents réglages de vos compresseurs, de façon à ce que vous puissiez les régler vous-même : en effet, que vous utilisiez un compresseur pour le mastering ou un compresseur audio analogique, que vous travailliez sur Cubase, Ableton ou Reaper — les réglages sont globalement toujours les mêmes !

Plus concrètement, voici les sujets que nous allons aborder :

  1. Qu’est-ce qu’un compresseur audio ?
  2. A quoi sert un compresseur audio ?
  3. Compression audio : les réglages à connaître
  4. Au final, combien faut-il compresser ?

Qu’est-ce qu’un compresseur audio ?

C’est avant tout un effet, au même titre que les égaliseurs, les réverbes, les distorsions, etc.

Il peut prendre la forme d’un plugin ou bien d’un module d’effet externe / hardware.

D’une façon générale, et bien qu’il y’ait de nombreuses façons possibles d’utiliser un compresseur, il permet de réduire la plage dynamique d’un enregistrement ou d’un mix complet. C’est-à-dire, réduire l’écart entre les sons les plus forts et les sons les plus faibles de la piste.

D’où le nom, d’ailleurs : un compresseur, ça compresse le son.

Compresseur VLA II d'ART Pro Audio
Un exemple de compresseur externe stereo, le VLA II d’ART Pro Audio

Par exemple, si on a une piste de voix avec une variation de niveau importante entre les mots, on va pouvoir niveler le son en atténuant les parties les plus fortes.

Voici un exemple en images :

Exemple de compression

Sur l’image du haut, il n’y a pas de compression audio : le signal (la voix du chanteur par exemple) alterne entre des pics importants et des éléments moins forts.

Sur l’image du bas, on a utilisé la compression pour atténuer ces pics. En effet, ceux-ci sont désormais à un niveau plus proche du reste de l’enregistrement. La plage dynamique a donc été réduite, et le son est perçu de façon plus homogène.

C’est pour cela que l’on parle de compresseur et de compression dynamique.

A quoi sert un compresseur audio ?

Vous allez me dire : d’accord, mais à quoi ça sert, un compresseur dynamique ? Pourquoi en a-t-on besoin dans un mix ?

Je vous propose donc un exemple théorique…

Imaginons que souhaitiez mixer deux sons :

  • Une piste instrumentale (guitare, claviers….) ayant un niveau (“volume”) à peu près constant
  • Une piste de chant avec une grande plage dynamique, donc beaucoup de variations de niveau

Si vous mixez le chant pour que les parties les moins fortes soient audibles au-dessus de la piste instrumentale, alors les parties les plus fortes seront, justement, beaucoup trop fortes. Voire même, elles dépasseront le niveau de 0dBFs et satureront vos enceintes.

À l’inverse, si vous optimisez votre mix pour que ces dernières soient à un volume correct, alors les mots prononcés à voix basse seront quasiment inaudibles parmi le son plus dense de la piste instrumentale.

Que faire alors ?

C’est justement là que la compression audio va nous aider, puisqu’elle va contrôler les crêtes et réduire les différences de niveau de la piste de chant. Il sera alors possible de mixer les deux instruments de façon beaucoup plus agréable.

Prenons un exemple audio (avec l’accord fort aimable de James May, le compositeur de ce morceau intitulé “All Souls Moon”). Ecoutez le passage sans puis avec la compression.

Si vous n’entendez pas très bien la différence, faites attention aux syllabes marquées en orange dans les paroles ci-dessous :

“This all souls moon confides
In both the worlds
This all souls moon abides both the worlds”

Dans la version non compressée, ces syllabes ressortent de façon trop forte, elles gênent l’écoute.

Par contre, lorsque la compression est appliquée sur la voix, le niveau sonore de la piste de chant semble beaucoup plus lisse et homogène, et se mélange mieux au reste des instruments.

Compression audio : les réglages à connaître

Bien entendu, pour contrôler ce type d’effets, il faut savoir régler correctement son compresseur dynamique (et bien le placer par rapport aux EQ).

Cela passe par l’ajustement d’un certain nombre de réglages : le threshold, le ratio, le knee, l’attaque, le release et le gain de sortie.

Oui, ça fait beaucoup de choses 🙂 ! Mais nous allons voir tout cela en détail tout de suite…

Le Threshold de compression

Le paramètre de Threshold (seuil en français) est particulièrement important pour une compression réussie.

Il s’agit tout simplement du niveau en décibels (dBFS) à partir duquel le compresseur dynamique commence à fonctionner – autrement dit à atténuer le signal.

Par exemple, si votre enregistrement atteint au maximum -3 dBFS et que vous réglez votre threshold à 0 dBFS, alors le signal ne sera pas compressé. En effet, le threshold est plus haut que le signal (0 dBFS > -3 dBFS). A l’inverse, si vous le positionnez à -12 dBFS, alors la partie du signal supérieure à ce seuil sera susceptible d’être compressée.

En image, ça sera peut-être un peu plus clair :

Illustration du réglage de Threshold pour un compresseur
Seule la partie du signal dépassant le seuil (threshold) sera compressée

Comment choisit-on à quel niveau il faut régler ce threshold ?

Ça dépend tout simplement de ce que vous voulez faire avec votre compresseur.

Si vous souhaitez atténuer uniquement les crêtes, alors vous allez le régler assez haut. Un peu comme sur l’image au-dessus, en fait, même si les chiffres seront complètement différents.

Si par contre vous souhaitez réduire la plage dynamique de votre enregistrement de façon plus large (pour niveler une piste de chant, par exemple), alors il sera intéressant d’essayer un seuil plus bas, pour que le compresseur affecte une plus grande partie du signal.

Remarque : le niveau de seuil que vous allez fixer dépend nécessairement du niveau sonore de votre piste brute. Conséquence : il est impossible de donner des valeurs théoriques qui pourraient correspondre à telle ou telle application.

Le ratio de compression

Le Ratio, c’est tout simplement le paramètre qui contrôle la quantité de compression audio appliquée au signal qui dépasse le threshold.

Si le ratio est faible, alors l’atténuation sera faible. Et inversement si le ratio est élevé.

Dans l’absolu, je pourrais m’arrêter dans l’explication : c’est presque suffisant de savoir ça. Mais pour illustrer plus en détail ce à quoi correspond le ratio, je vous propose de rester avec moi encore quelques lignes. 🙂

Prenons l’exemple d’un ratio 4:1 (c’est comme ça que sont écrits les ratios).

Cela signifie que si un signal audio dépasse le threshold de 4 décibels, il sera compressé de façon à ce qu’il ne soit plus qu’1 décibel au-dessus du seuil. Autrement dit, le niveau du signal au-dessus du threshold est divisé par quatre.

Le réglage du ratio de compression

Si le ratio est 8:1, alors le niveau de tout signal dépassant le threshold sera divisé par huit. Et cetera.

Du coup, si vous voyez un ratio 1:1, cela veut dire qu’il n’y a pas de compression appliqué : quand 1 dB entre dans le compresseur, 1 dB ressort. On parle alors de ratio unitaire.

De même, un ratio infini ∞:1 indiquera un fonctionnement de type limiteur : la totalité du signal de sortie sera en-dessous du threshold, quoi qu’il se passe.

Mais alors, comment choisir le ratio de compression à appliquer durant le mixage ?

Objectivement, ça dépend vraiment de l’enregistrement de base : il n’y a pas de méthode simple à appliquer. Je vous conseille d’ajuster votre ratio jusqu’à ce que ça sonne bien.

Toutefois, pour vous guider un peu, voici quelques indications :

  • 1.5:1 à 2:1 — compression dynamique légère. Typiquement le genre de ratio utilisé lors du mastering.
  • 2:1 à 5:1 — compression moyenne. Généralement, c’est plutôt sur ce genre de valeurs que vous risquez de retomber.
  • au-dessus de 5:1 — compression forte. L’effet est assez marqué. Plutôt pour les percussions voire pour des voix avec d’importantes variations dynamiques.

Le knee

Le knee est également un paramètre important de la compression audio, mais qui est parfois un peu oublié, un peu mis de côté, alors qu’il impacte véritablement l’attitude des compresseurs.

Le knee, tout simplement, est un réglage permettant de contrôler la zone de transition autour du threshold (seuil) de compression.

Difficile de faire plus clair qu’un schéma pour expliquer le concept :

Le knee pour la compression audio

Mais alors quel est l’impact sur le son ?

Eh bien :

  • si le knee est “hard”, l’effet de la compression sera plus facilement audible : la compression dynamique sera soit activée, soit désactivée. Il n’y a pas de zone de transition.
  • si le knee est “soft”, l’effet de la compression sera plus progressif : elle apparaîtra donc potentiellement comme plus naturelle ou plus musicale (personnellement, je règle mon knee de cette façon-là la plupart du temps).

Par ailleurs, notez que si certains plugins vous donnent simplement accès à un choix de knee hard ou soft, d’autres vous donnent accès à des potentiomètres permettant d’ajuster précisément le knee, du plus hard au plus soft.

Exemples de réglages de knee sur deux plugins différents

L’attaque de la compression

Le quatrième paramètre à connaître absolument est l’Attaque (attack en anglais).

Il s’agit en gros du temps de réactivité du compresseur dynamique.

Et pour être un peu plus précis : c’est le temps mis par le compresseur pour compresser le signal au niveau déterminé par le ratio.

Par exemple, si vous avez un ratio de 2:1 et une attaque réglée à 10 millisecondes (ms), cela signifie que le compresseur, lorsqu’il détectera un signal dépassant le threshold, mettra 10 ms avant d’appliquer complètement le ratio 2:1 (division par 2 du signal au-dessus du threshold — j’espère que vous avez lu la partie juste avant sur le ratio 😉 ).

Une image sera peut-être un peu plus claire :

L'attaque d'un compresseur audio

Bien entendu, ce réglage crucial dépendra surtout de ce que vous voulez faire avec votre compresseur audio. Si vous souhaitez compresser les crêtes d’un signal, alors une attaque rapide sera de mise. Si vous souhaitez au contraire mettre ces crêtes en évidence en atténuant le signal une fois les crêtes passées, alors une attaque lente sera conseillée.

Voici quelques exemples de durées :

  • < 5 ms — attaque rapide, les transitoires sont directement compressés
  • de 5 ms à 30 ms — attaque moyenne
  • > 30 ms — attaque lente, les transitoires ne subiront que peu la compression.

Le Release de la compression

Reste maintenant le réglage du Release (que l’on peut traduire par relâchement en français).

Comme l’attaque, celui-ci est mesuré en secondes/millisecondes. Il s’agit du temps mis par le compresseur pour arrêter de fonctionner dès lors que le signal est retombé en-dessous du threshold. Autrement dit, pour revenir au ratio unitaire 1:1.

Vous l’aurez compris : si le release n’est pas instantané, cela veut dire que votre compresseur dynamique pourra continuer à compresser le signal d’entrée même si celui-ci est en-dessous du seuil.

En image :

Le paramètre de Release d'un compresseur

En conséquence, il est bien entendu important de bien régler le release. S’il est trop rapide, vous générerez un effet de pumping (pompage) ; autrement dit, vous allez entendre le compresseur remonter le niveau sonore après l’avoir réduit pour les crêtes. S’il est trop lent, le compresseur n’aura pas le temps de revenir à zéro avant la prochaine crête, et votre piste perdra en dynamique de façon marquée.

Les notions de “rapide” et “lent” peuvent être un peu abstraites, car elles dépendent en partie du tempo de la musique. Ceci dit, pour vous donner un ordre de grandeur :

  • < 100 ms — release rapide
  • > 300 ms — release lent

Le make-up gain ou gain de sortie

Un réglage de Make-Up Gain
Exemple du réglage de Make-Up Gain du plugin Thillseeker VBL

Et enfin, le Make-Up Gain.

Parfois simplement appelé “Output Gain”, il s’agit d’un réglage que l’on retrouve également sur la plupart des compresseurs.

Lorsque l’on compresse un son, nous l’avons vu, on atténue une partie du signal. Cela veut dire que, quoi qu’il se passe, le signal en sortie est moins fort que le signal en entrée.

Le Make-Up Gain va solutionner ce problème, puisqu’il va vous permettre de contrôler le niveau du signal de sortie.

Comment le régler ?

Chacun sa technique, dans l’absolu.

Toutefois, une bonne pratique est de l’ajuster pour que le niveau sonore moyen soit le même avec et sans effet. Autrement dit, si vous désactivez le compresseur, il ne faut pas que vous entendiez de changement de volume. L’objectif étant de faciliter la comparaison avant/après compression.

Le sidechain

Et enfin, penchons-nous sur le réglage de sidechain.

Le sidechain est avant tout une technique de compression, mais c’est aussi le nom d’un réglage que l’on retrouve couramment sur les compresseurs dynamiques.

Réglage de sidechain sur un compresseur

Lorsque vous placez un compresseur dynamique sur une piste, celui-ci va compresser le signal de la piste.

Logique.

Mais avec l’option de sidechain, vous allez pouvoir déclencher le compresseur en fonction d’un autre signal, qui peut typiquement être :

  • le même signal que la première piste sur lequel on a d’abord appliqué un filtre ;
  • le signal d’une autre piste qui n’a rien à voir.

Une utilisation courante de cette option consiste à déclencher la compression audio d’une piste (de basse par exemple) à chaque fois que le kick se déclenche, ce qui permet de faire plus facilement ressortir ce dernier.

Pour plus d’informations sur le sujet, je vous conseille de lire mon article détaillé sur le sidechain.

Au final, combien faut-il compresser ?

C’est un grand débat, et il serait bien malvenu de donner une règle absolue.

Suivant le style, suivant l’artiste, suivant le morceau, la compression dynamique pourra être appliquée de manière plus légère ou plus agressive.

Toutefois, encore une fois, il est important d’avoir un ordre d’idée.

La plupart des compresseurs, qu’il s’agisse de plugins ou d’effets externes, possèdent des indicateurs de réduction de gain (gain reduction ou GR). C’est cette mesure qui va vous indiquer le degré de compression que vous avez appliqué.

D’une façon générale, essayez de rester en-dessous de 6 ou 8 dB de réduction de gain. Si vous dépassez ce chiffre, il est possible que vos réglages soient trop extrêmes.

D’ailleurs, pour le mastering, de nombreux ingénieurs du sons ont tendance à dire qu’il faut à peine voir les aiguilles bouger. La réduction de gain associée est alors minime, mais suffisamment efficace pour ajouter de la “glu” sonore.

A l’opposé, certaines techniques de compression telles que la compression parallèle consistent à écraser complètement le signal — une toute autre histoire ! 🙂

Dans tous les cas, je ne peux que vous conseiller d’expérimenter au maximum.

Prenez une piste de batterie simple, ajoutez un plugin de compression et faites varier un à un les réglages. Prenez le temps d’identifier les différences, les variations, en fonction des éléments que j’ai résumés un peu plus haut.

Au fur et à mesure, vous verrez, ça vous semblera de plus en plus simple !

En conclusion

Voilà, vous avez désormais toutes les infos nécessaires pour commencer à utiliser vos compresseurs audio sur vos mix en sachant à quoi servent les différents réglages 🙂 !

Continuez à lire en regardant mon article similaire sur l’égalisation.

Commentaires (169)

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Girard / Répondre

Je te remercie pour tout ces précieux conseils et essaierai d’en faire un bonne usage.
Malheureusement dans l’immédiat je ne suis pas assez fortuné pour suivre ta formation et c’est avec regret.
Peut être plus tard, encore merci !

Adrien Administrateur / / Répondre

Mais avec plaisir 🙂 ! Pas de soucis, un jour peut-être 🙂

Titouan / Répondre

merci pour ces explications.

Il serait bien de corriger pour plus de clarté dans l’explication. (-20 dBFS)

. A l’inverse, si vous le positionnez à -20 dBFS, alors la partie du signal supérieure à ce seuil sera susceptible d’être compressée.

Peut être corriger par -12 dBFS le -20dBfs ? sur la photo, c’est -12 dB qui est marqué.

C’est une idée… tout le reste est clair, un grand bravo !!!

Adrien Administrateur / / Répondre

Effectivement ce n’était pas hyper clair. J’ai modifié, merci, bonne idée 🙂

Macker / Répondre

Ça fait 25 ans que je sample avec une mpc, et j’ai jamais su ce qu’était le threshold … en vrais j’m’en foutais un peu… mais j’ai récemment acheté une mpc moderne (écran tactile et tout) et les options de mixages sont d’un autre niveau … et du coup j’me suis demandé “mais en fait, c’est quoi ces trucs?” …. Là, avec toutes ces explications , je suis monstre heureux !!!

Merci Besucoup

Eric Bricet / Répondre

Merci beaucoup pour cette explication simple, claire, méthodique, bien hiérarchisée, la plus pédagogique que j’aie vue jusqu’ici (l’écrit est ici plus efficace que les tutos YT, que je pratique pourtant beaucoup).

Juste un petite remarque : vous traduisez “release” par “retour”, alors que, il me semble, “relâchement” convient mieux et est ordinairement le terme adopté en français (comme pour les enveloppes des synthés par exemple). Mais ça n’est qu’un détail.

Jacques P. / Répondre

Je suis venu sur votre site par pure curiosité intellectuelle tandis que je souhaitais savoir à quoi servait un compresseur audio. Mon attente a été plus que satisfaite alors que vous expliquez cela avec une remarquable grande clarté. Vos précisions complémentaires pour l’écoute de l’extrait musical sont très utiles même si, pour ma part, j’avoue ne pas trop entendre les subtilités du « avec » et « sans » du fait probablement de mon audition altérée par un usage très ancien et excessif des synthétiseurs. Je tenais à vous remercier quoi qu’il en soit.

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