Mixage et Mastering Audio : Quelle Différence ?

Quelle est la différence entre le mixage et le mastering ?

C’est une question que je vois souvent.

Certains d’entre vous me l’envoient directement par email.

Parfois, je la lis sur des groupes Facebook.

D’autres fois encore, je me rends compte en répondant à des messages que la définition du mastering n’est pas claire pour tout le monde.

Et il faut bien le dire, au début, ce n’était pas clair pour moi non plus. Parce que mine de rien, il y a pas mal d’informations contradictoires sur le net à ce sujet.

Ou du moins imprécises.

Pour expliquer une bonne fois pour toute ce qu’est le mixage et ce qu’est le mastering, qui sont deux des étapes essentielles de la production d’un morceau ou d’un album, j’ai donc décidé d’écrire cet article. J’espère qu’il répondra à vos questions de la meilleure façon possible 🙂

Exemple de mastering audio
Exemple de mastering digital audio en cours de réalisation sur le logiciel Studio One

Le mixage audio, c’est quoi ?

Commençons par une définition du mixage audio.

Il y a plusieurs étapes dans la production d’un album. Les principales sont représentées sur le schéma ci-dessous.

Les étapes de la production d'un morceau de musique

Comme vous pouvez le voir, le mixage se positionne juste après l’enregistrement, mais avant le mastering.

Globalement, cela implique que le mixage va traiter l’ensemble des pistes enregistrées durant la phase précédente.

Par exemple, si vous enregistrez un groupe de rock, vous aurez peut-être 5 pistes pour la batterie, 4 pistes de guitare, 1 piste de basse et 1 piste de chant.

Autrement dit, plusieurs fichiers, qui correspondent à l’ensemble des prises de sons effectuées.

Objectifs du mixage audio

L’objectif du mixage audio va donc être de produire, pour chaque morceau, une piste audio unique (généralement stéréo) qui sera équilibrée :

  • en termes de fréquences — avec une balance harmonieuse des basses, des médiums des aigus, etc.
  • en termes de dynamique — pour simplifier, via l’ajustement du volume relatif de chaque piste par rapport aux autres
  • en termes d’espace 3D — en s’assurant que la position des différents instruments dans l’espace stéréo soit agréable à écouter et réponde aux besoins créatifs.

Pour atteindre cet objectif, un certain nombre d’effets devront être appliqués aux pistes. On parle par exemple :

Quand le mixage est-il considéré terminé ?

Il convient bien sûr de fixer une limite entre mixage et mastering (l’étape qui suit).

Concrètement, pour être considéré comme terminé, un mixage doit être parfait. Oui, parfait.

Si vous entendez des problèmes dans votre mix, c’est qu’il n’est pas terminé.

C’est-à-dire qu’il doit être un produit fini, sous la forme d’un seul fichier, qui est agréable à écouter.

Si vous entendez des problèmes dans votre mix, c’est qu’il n’est pas terminé. Si certaines fréquences ressortent de façon trop marquée, voire agressive, ou si vous n’entendez pas suffisamment certains instruments, cela veut dire qu’il vous faut revoir le mix.

Et ce n’est pas grave — faites une pause et continuez le lendemain avec des idées fraîches ! 😉

Mais ne vous dites pas que les erreurs seront corrigées au mastering. C’est une approche complètement inadaptée, qui ne vous donnera jamais de bons résultats.

Un mix doit être finalisé à 100%, avant que l’on passe au mastering.

(Petite astuce que j’ai lue un jour je ne sais où : si vous commencez à dodeliner de la tête en rythme avec la musique, c’est un signe que votre phase de mixage touche à sa fin.)

Définition du Mastering audio

Difficile d’en écrire une définition absolue, mais voici ce que dit le célèbre ingénieur de mastering américain Bob Katz sur le sujet :

Le Mastering est la dernière étape créative dans le processus de production audio, c’est la passerelle entre le mixage et le pressage — votre dernière chance d’améliorer le son ou de réparer des problèmes […]

Mastering Audio: The Art and the Science – Bob Katz

Objectif du mastering

L’objectif du mastering, en fait, c’est d’arriver à un fichier qui soit prêt à être pressé sous forme de CD, ou de vinyle, ou distribué sur des plateformes de musique en ligne.

C’est donc un peu comme la cerise sur le gâteau. Ou bien, comme le vernis que vous appliqueriez sur un tableau, après peut-être une dernière touche de peinture ici et là.

En d’autres termes, pour faire un bon mastering, il va falloir se poser la question des corrections ou ajustements qui pourront être appliqués au morceau.

Parfois, il n’y aura aucune correction nécessaire. D’autres fois, il faudra appliquer des effets supplémentaires, sur l’ensemble du mix, pour quelques ajustements subtils :

  • sur les fréquences avec des EQ
  • sur la cohésion générale du mix, avec des compresseurs
  • ou encore, par exemple, sur l’image stéréo du morceau pour l’élargir ou au contraire la resserrer.

C’est pour ça que souvent, on peut lire qu’il est déconseillé de faire soi-même le mastering d’un mix que l’on a réalisé : mieux vaut confier cette étape à quelqu’un qui sera plus impartial et prendra donc des décisions plus pertinentes.

Ensuite, c’est également lors du mastering que le volume perçu final du morceau sera ajusté, par exemple en utilisant des limiteurs ou des plugins de clipping.

Bien entendu, le but du mastering est aussi de créer un ensemble cohérent pour l’ensemble de l’album traité. En termes de volume, mais aussi de répartition des fréquences. Difficile d’imaginer avoir une première chanson très portée sur les basses, tandis que la seconde se caractérise par une brillance importante dans les aigus.

Enfin, une fois que l’aspect audio du mastering a été traité, un certain nombre d’activités moins amusantes mais tout aussi importantes devront être effectuées, comme par exemple mettre les pistes dans l’ordre de l’album et gérer les fondus entre les pistes (fade in / fade out), s’assurer que les exports effectués correspondent aux normes Red Book (standards pour les CD audio), etc.

Et lorsque tout ça a été fait, l’album sera prêt à être envoyé à une usine de pressage CD pour qu’elle produise le support final ou à une radio pour diffusion.

Un exemple de mastering

Pour illustrer plus précisément ce qui peut être fait dans le cadre du mastering, prenons l’exemple de ce morceau de Chris Finegan (un très bon artiste écossais dont vous pouvez d’ailleurs télécharger gratuitement la musique sur cette page Bandcamp).

Après le mixage mais avant le mastering, si on regarde la forme d’onde, on a quelque chose comme ça :

Piste prête pour le mastering audio

Et en termes de son, on aura ceci :

Le mix est très sympathique et globalement équilibré. Il est donc prêt à être masterisé.

Voici un exemple de traitement que j’ai choisi d’appliquer :

  • ajout de saturation type bande magnétique avec Tapedesk ;
  • compression globale pour faire ressortir un peu plus la guitare acoustique, avec Novatron ;
  • correction très légère du spectre de fréquences avec un EQ (par exemple, -0.65 dB à 850 Hz) ;
  • correction subtile de la sibilance de certains “S” avec un de-esser réglé de façon très légère ;
  • et bien sûr, ajustement du niveau global pour avoir un volume plus proche de ce qu’on pourrait attendre sur un master commercial, grâce au limiteur Pro-L 2 de Fabfilter.

Après mastering, on voit sur la forme d’onde qu’un limiteur a été appliqué et que le volume global a été amplifié :

Forme d'onde après le mastering audio

Et bien sûr, le son a évolué, notamment en termes de volume perçu :

En conclusion

Au final, on se rend compte que l’on a bien deux étapes complètement différentes, et qui ne partagent pas les mêmes objectifs :

  • le mixage, qui mélange plusieurs prises de son et les ajuste les unes par rapport aux autres pour obtenir un morceau équilibré ;
  • le mastering, qui apporte un vernis sonore, corrige le volume perçu et assure l’homogénéité des pistes à l’échelle de l’album.

Faire la différence entre les deux est donc important.

Souvenez-vous, avant d’envisager un quelconque mastering, assurez-vous que votre mix est solide et qu’il sonne bien. Le mastering, ce n’est pas pour corriger le mixage. C’est simplement pour le peaufiner et préparer la publication.

► Pour aller plus loin : Les Meilleurs Plugins pour le Mastering

Commentaires (22)

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Massimo Assuti / Répondre

Bonjour, je vais bientôt réaliser mon 1er mastering pour un artiste américain. Habitué à faire des masterings pour des artistes Suisses, je voulais savoir si il y’avait des normes différentes à respecter ? Merci d’avance !

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour,
Bonne question. Pour moi, pas de normes différentes pour le mastering entre Europe et USA 🙂
Adrien

Daumoo / Répondre

Très bonne explication de ta part, merci pour ton article il m’as beaucoup éclairci sur la différence importante entre le mix et le master.

Victoria / Répondre

Bonjour ! Merci pour cette explication détaillée, j’y vois plus clair. Cependant, j’ai une petite question. Lors de mes compositions j’ai un problème qui revient souvent, ma voix semble très détachée de l’instru, malgré beaucoup d’efforts et de tests pour tenter d’harmoniser mes morceaux, la voix semble « incohérente ». Ce qui m’amène à penser qu’elle ne va tout simplement pas avec le style de musique que je fais (électro dark assez mélodique) et que donc je n’ai pas de solution. Penses-tu que c’est un problème de mix ? Ou qu’il est possible qu’une voix n’aille pas du tout avec un style de musique ?

Adrien Administrateur / / Répondre

Ca ressemble surtout à un problème de mix je trouve. Après certes suivant les voix ça peut passer ou non avec certains styles. Les instrus, c’est toi qui les fais ou ce sont des fichiers tiers ?
Adrien

NICOU / Répondre

Bonjour je réalise quelques créations musicales et je fais moi méme le mixage de mes musiques instrumentales, mais j’ai bien compris l’importance du mastering , mais malgré mon implication attentive, je ne comprends pas pourquoi mes mastering ne sont pas aussi puissants en volume que les medias commerciaux , il y a t’il un plugins special pour le mastering malgré que mon prémixage est à – 6 db pour ensuite faire le mastering a 0 db en pointe je ne comprends pas bien , pourquoi je n’ai pas un volume sonore puissant ,je vous remercie pour votre réponse , Veuillez agréer Madame, Monsieur mes meilleures salutations. Serge

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour,
Le volume en crêtes n’a pas vraiment d’importance et n’est pas vraiment responsable de la perception de “plus fort”. Il faut plutôt utiliser la mesure LUFS pour avoir une idée du volume perçu du morceau. Je n’ai pas encore d’article sur le sujet malheureusement. Vous pouvez par exemple utiliser le plugin Youlean Loudness Meter pour le mesurer.
Adrien

MECHINEAU / Répondre

Bonjour,

Très bonne explication,
Est il possible de faire le mixage et Mastering sur la même cession ?

Merci d’avance
Antho

Adrien Administrateur / / Répondre

Oui dans une certaine mesure, en tous cas si on masterise un seul morceau.
Si on masterise plusieurs morceau pour faire un album par exemple, alors mieux vaut travailler avec des exports audio des mix.

Servier / Répondre

Bravo pour ton article Adrien.
D’une manière générale on ne touche pas au master lors d’un mixage ?
Les ingénieurs en mastering préfèrent ils recevoir plusieurs groupes ? Batterie, voix…

Adrien Administrateur / / Répondre

Merci !
Au master, tu veux dire le buss master par lui-même ou le fader ?
Pour le deuxième choix, ça dépend sans doute des ingés mastering mais perso je suis opposé au stem mastering. Le mastering c’est pas pour faire du mixage.
Adrien

fantome / Répondre

les crêtes sont écrasées ….la compression n’a pas été géré comme il se doit, un signal de master digne de ce nom , logiquement il reste propre …….. je parle forcément d’un vrai master , pas les normes d’aujourdhui, je suis resté dans les années 1985 et ma dynamique est très bonne , sans avoir un signal écrasé comme ils font tous de nos jours………… respectez l’écoute, le bouton volume sert à quoi sur vos machines……….

Adrien Administrateur / / Répondre

100% d’accord avec le fait qu’un signal bien dynamique est préférable 🙂

Cyrille / Répondre

Bonjour, autant l’explication est clair, autant le résultat sonore sur l’exemple est décevant : le master sonne agressif, sans dynamique et manque d’aération.
Je pense que l’idée de normaliser le volume vers le haut est une aberration, au sens où il peut facilement être géré dans la chaine B (analogique), ceci sans compter que tous les appareils compact (smartphone, bluetooth shitbox & co) intègre des traitements du signal pour : un ne pas casser ledit matériel, deux laisser percevoir une pseudo dynamique.

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour,
L’exemple est forcé, pour qu’on entende bien la différence : on sait bien que, notamment pour les débutants, il est difficile d’entendre les variations dynamiques. Donc j’ai bien compressé, en gagnant environ 5 LUFS, plutôt que d’y aller de façon subtile.
Pour la normalisation, c’est fait sur 100% des masters pros : de fait, la normalisation pure du signal audio n’impacte pas la dynamique ni quoi que ce soit. Je pense qu’il est mieux de maximiser le volume sonore lors du mastering plutôt que de le déléguer à une chaîne de traitement qu’on ne maîtrise pas et qui change suivant les gens.
Adrien

Robert / Répondre

Si on utilise le séquenceur d’un clavier Workstation performant (exemple NAUTILUS de Korg) est-il possible de penser que le mixage et le mastering en studio pourraient se réaliser plus rapidement ?

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour,
Je pense que c’est l’inverse en fait. Je pense qu’il faut mieux tout mixer dans un seul outil.
Adrien

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