6 Façons d’Utiliser un Compresseur dans un Mix

La compression audio, c’est probablement l’effet le plus difficile à comprendre et à maîtriser.

N’est-ce pas ?

Je dois bien avouer avoir moi-même mis beaucoup de temps à saisir comment l’utiliser. Autant l’égalisation, les réverbes, les delays… ça allait — autant la compression restait pour moi une science obscure.

Au delà de la compréhension de l’effet par lui-même et des différents réglages habituels des plugins de compression, j’avais surtout du mal à visualiser pourquoi j’en avais besoin.

En fait, le problème, c’est qu’un compresseur, ça peut servir à plein de choses.

Pour simplifier, on dit souvent ça sert à réduire la plage dynamique (Dynamic Range en anglais), c’est-à-dire l’écart entre les sons faibles et les sons forts d’un enregistrement.

Malheureusement (ou heureusement peut-être), la réalité est plus complexe.

Aussi, j’ai décidé de partager avec vous cette liste de 6 utilisations possibles de la compression dans un mix. J’espère qu’elle vous aidera à mieux comprendre ce que vous pouvez faire avec un compresseur durant le mixage ou le mastering.

1 – Atténuer les pics

Réglages usuels : Attaque rapide, Release rapide à moyen

Une utilisation classique de la compression.

Si la plage dynamique d’un enregistrement est très large, alors les pics risquent de ressortir beaucoup plus que le reste durant le mixage.

Le résultat sera un son avec peu de corps et de volume, difficile à percevoir dans le mix.

C’est typiquement ce qui peut se produire avec une caisse claire. Vous aurez beau l’égaliser autant que vous voudrez, si les transitoires (les pics qui marquent l’attaque de la baguette) sont beaucoup plus forts que le reste du son, alors votre caisse claire manquera d’impact et de poids.

Par contre, en compressant ce transitoire, le niveau du pic initial sera atténué et donc plus proche de celui de la queue. Vous entendrez alors mieux les détails du corps de l’instrument.

Compression d'un pic
Exemple : compression du transitoire d’une percussion

C’est sur ce genre de situation qu’excellent les compresseurs de style “1176”, dont il existe des émulations sous forme de plugins. Ils sont en effet célèbres pour avoir une attaque très rapide (environ 20 microsecondes) qui leur permet de contrôler les pics/transitoires de façon optimale.

2 – Ajouter du punch

Réglages usuels : Attaque moyenne, Release variable

Parfois cependant, c’est l’opération inverse qui est nécessaire : les pics sont à peu près au même niveau que le reste du son de l’instrument, et l’enregistrement manque de punch, d’énergie, voire d’agressivité.

La solution ?

Avec un compresseur, vous allez compresser le son juste après les pics. Cela veut dire que vous devrez utiliser une attaque plus lente, pour que la compression ait lieu une fois le transitoire passé. De cette façon, les sons qui ne sont pas des pics seront atténués.

Remontez ensuite le niveau de la piste avec le Make-Up gain et voilà ! Vous avez gagné en puissance 🙂

Ajout de punch grâce à une compression lente
Exemple : la compression a lieu après le transitoire grâce à une attaque lente

L’exemple typique, c’est celui d’une guitare acoustique. Si vous voulez entendre plus distinctement le strumming, ou l’attaque du médiator sur les cordes, alors vous devrez compresser le son entre les pics pour les faire ressortir.

Utilisez pour cela une attaque suffisamment lente pour que les pics ne soient pas compressés, et un release suffisamment rapide pour que le compresseur revienne à zéro avant le pic suivant.

3 – Niveler un enregistrement

Réglages usuels : Attaque moyenne, Release moyen

Un peu dans la continuité de l’exemple précédent, il est également possible avec un compresseur de niveler le son d’un enregistrement.

Autrement dit, on ne va pas nécessairement compresser les transitoires mais plutôt le corps de l’instrument ou de la voix. L’objectif est d’avoir un niveau plus homogène, qui ressorte bien dans le mix.

Le VST CA-2A de Cakewalk
Exemple d’une émulation en VST d’un compresseur LA-2A

C’est typiquement sur ce genre de situation que l’on va utiliser les célèbres compresseurs de type “LA-2A” (ou leurs émulations plugins). Très simples à utiliser car il n’est généralement pas possible de régler l’attaque ou le release, ils adoucissent le son et permettent d’avoir un niveau plus constant.

Je vous conseille en particulier d’essayer cette technique sur des enregistrement de guitare basse, de piano ou de voix si vous avez l’impression que votre instrument apparaît et disparaît dans votre mix.

4 – Ajouter de la couleur

Réglages usuels : peu importe

Exemples de compresseurs analogiques
Ces compresseurs analogiques vintages peuvent ajouter de la coloration au signal. Vous reconnaîtrez d’ailleurs,en blanc, deux modèles de LA-2A (comme évoqués au point précédent) – Illustration modifiée d’après une photographie de Jon Gos (CC BY 2.0)

Un grand nombre de compresseurs analogiques sont connus pour ajouter de la couleur et du caractère au son lorsqu’ils traitent un signal audio.

Ce phénomène est tout simplement dû au choix des composants qui se trouvent à l’intérieur (lampes, transistors, diodes…).

C’est par exemple le cas pour les modèles vintages que j’ai mentionnés auparavant, tels que le 1176 d’UREI ou le LA-2A de Teletronix.

Certes, pour ajouter de la chaleur à vos mix, vous pouvez très bien utiliser un simple plugin de saturation. Cependant, certains plugins dédiés à la compression simulent avec plus ou moins de fidélité des compresseurs vintages et leur coloration caractéristique.

Aussi, si vous souhaiter donner du caractère à vos morceaux voire même un vrai feeling vintage, c’est vers ce genre de plugins que vous pouvez vous tourner. Même si l’effet peut parfois paraître subtil, il fera vite la différence si vous l’utilisez sur plusieurs pistes !

Astuce : dans bien des cas, il n’est même pas nécessaire d’activer la compression pour obtenir de la coloration. Gardez un ratio unitaire (1:1) et profitez simplement de la simulation analogique de votre plugin 🙂

5 – Ajouter de la “glue”

Réglages usuels : Ratio faible (1.5:1 ou 2:1), quelques dB de réduction de gain uniquement

Vous aurez beau compresser et mixer au mieux vos différentes pistes, vous aurez parfois l’impression que l’ensemble manque de cohérence.

Comme si les instruments jouaient tous dans un endroit différent.

Peut-être l’enregistrement initial en est la cause — quoi qu’il en soit, la compression va à nouveau pouvoir vous aider dans cette situation.

Plus précisément, la compression de buss.

Le plugin de Compression Density mkII
Density mkII de Variety of Sound, l’un de mes plugins favoris pour la compression de buss

L’idée générale est d’appliquer une compression légère sur un groupe de pistes. Par exemple, un groupe de pistes de batterie (kick, caisse claire, overheads…).

Si vous gardez un ratio faible et seulement 2 ou 3 décibels de réduction de gain, le son des différents instruments va en quelque sorte devenir plus soudé, plus cohérent.

On dit qu’on ajoute de la “glue”. De la glue sonore, en quelque sorte.

Attention par contre, de mauvais réglages peuvent vite déstabiliser votre mix, d’autant plus que tous les instruments que vous aurez regroupés dans votre buss seront affectés. Soyez donc prudent(e)et utilisez cette technique avec légèreté…

6 – Et enfin, la compression Parallèle

Réglages usuels : Threshold très bas, Ratio faible, Processing en parallèle

Dernier point de cette liste, la compression parallèle. C’est une technique très pratique mais qu’il ne faut surtout pas utiliser aveuglément sur tous ses mixages.

L’idée est de mélanger deux signaux :

  • Un signal “dry”, sans compression
  • Un signal “wet”, identique mais avec de la compression en plus

En image :

Schéma de la compression parallèle

L’objectif est généralement de garder la dynamique de l’enregistrement (donc les pics) grâce au signal “dry”, mais d’y ajouter subtilement le signal fortement compressé. Les transitoires ne seront donc pas affectés mais les sons initialement de faible volume seront plus présents.

Cela permet d’obtenir un son plus épais, plus dense, sans toutefois sacrifier la dynamique de l’instrument ou du mix. N’hésitez pas, d’ailleurs, à utiliser un compresseur coloré comme ceux évoqués auparavant pour un effet plus intéressant.

Cette technique est également appelée New York Compression. Elle est souvent utilisée sur les buss de batterie mais également au moment du mastering.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à jeter un œil à mon article dédié à la compression parallèle.

En conclusion

Comme vous pouvez le voir, les compresseurs peuvent être utilisés dans de nombreuses situations pour obtenir des effets très différents.

Bien entendu, chaque mix a ses spécificités. Au sein d’un même album, c’est une mauvaise idée que de se dire “il faut absolument que je compresse ma batterie parce que je l’ai fait la dernière fois”. Prenez plutôt le temps de vous poser la question de ce que vous pouvez améliorer. Pour cela, cette liste vous donnera sans doute quelques pistes…

Et vous du coup, lesquelles de ces techniques utilisiez-vous déjà ? 🙂

Commentaires (13)

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Bruno / Répondre

Il y en a que je ne connaissais pas! Mais généralement, je m’en sers surtout sur les voix basse et batterie. Pour les drums, c’est effet de glue, mais pour le reste, c’est l’ajout de présence et de punch!

Adrien Administrateur / / Répondre

🙂 Idem, j’utilise la plupart du temps la compression sur les instruments que tu as cités + en buss sur le drum buss ou pour le mastering. Sur les guitares, assez rarement.
Au final, c’est vrai que 3/4 du temps c’est plus pour gérer la puissance des transitoires que je l’utilise, un peu comme toi.

mat-alive / Répondre

Vraiment clairement et simplement expliqué! Pourtant ce ne sont pas les articles / tutos qui manquent sur les compresseurs, mais grâce à cet article je vais enfin pouvoir aborder les réglages des compresseurs plus sereinement. 🙂
Notamment sur les histoires de pic/queues/ et les utilisations spécifiques selon le cas.
Merci beaucoup!

Adrien Administrateur / / Répondre

Bonjour, merci beaucoup pour ce commentaire ! Content de lire que les explications étaient claires !

FéFé On The Track / Répondre

Salut Adrien ,le signal dry c le signal non compréssé et le wet le signal compressé ou c l’inverse? Pour faire de la compression parallèle le signal sec est pas compréssé et le bus du signal wet est compréssé c’est ça?faut-il faire pareil pour les revers c’est a dire par exemple je veut mètre de la reverb ou un délai sur une voix un’envoie ma 0iste de voix dans un autre insert le dry et la piste devoismx j’envoie dans la piste wet ou je peut toute le signal dry au wet directement ou c’est l’inverse?

FéFé On The Track / Répondre

Salut Adrien tu vas bien? Je voudrais savoir quand on as finit le mixage en série(kick,snare,Tom,cymbale),basse,instruments,le signal dry c le signal non compréssé et le wet le signal compressé ou c l’inverse? Pour faire de la compression parallèle sur les drums on l’envoie dans le signal sec qui est pas compréssé et le bus du signal wet est compréssé c’est ça?faut-il faire pareil pour les reverbs c’est a dire par exemple je veut mètre de la reverb ou un délai sur une voix j’envoie ma piste de voix dans un autre insert(routing)qui est le dry et la piste de que je double que j’envoie dans la piste wet ou je peut carrément envoyer le signal dry au wet directement ou c’est l’inverse?Esqu’on route le signal dry au wet?ou l’inverse?merci de ta réponse tu m’aide beaucoup dans tes explications pour régler le compresseur

Abdel / Répondre

Salut Adrien j’espère que tu vas bien et merci pour tout.

J’ai acheté un compresseur rnla 7239 pour de la voix off et j’hésite a acheter le modèle rnc1773 qui est plus neutre car j’entends assez souvent des gens dirent qu’ils utilisent 2 compresseurs en même temps et que ses 2 là couplé donc très bon pour leur prix.
Par contre je ne comprend pas comment les utiliser en même temps , dois-je les brancher l’un sur l’autre ou de manière différente ?
Merci

Adrien Administrateur / / Répondre

Tu peux brancher le premier sur le deuxième, en série 🙂

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